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AFTERWAR

Un film de Birgitte Stærmose

Un film choc en forme de terrifiant présage

1999. Des adolescents évoluent dans le Kosovo de l’après guerre civile, entre le manque d’argent ou de nourriture, la débrouille et l’absence de perpectives. De nos jours, ils ont grandi, mais leurs situations ne sont guère plus enviables…

Le dispositif qui sous tend "Afterwar" (« l’après guerre ») est particulièrement intéressant : pour donner corps à l’évolution d’enfants qui avaient 9 ans lorsque la guerre civile au Kosovo a pris fin (en juin 1999), les personnages sont joués par des acteurs ou actrices différents, afin de représenter leur adolescence en 1999, leur âge adulte aujourd’hui et ce qu’ils deviendront. Le film est ainsi assez simplement chapitré en trois parties : Passé, Présent et Futur. Après quelques images d'archives de cette guerre civile, le passé reconstitué évoque ainsi les petits trafics et la débrouille pour améliorer le quotidien (le trafic de cigarettes...), la plongée dans la prostitution, les trafics d’organes, évoquant aussi le sort de parents paralysé ou pleurant tout le temps, et ironiquement la connaissance que pouvait avant avoir chacun du bonheur.

Le présent fait état d’un contexte qui ne semble pas avoir vraiment changé, hormis dans la multiplication dans les décors des chantiers, donnant l’ambiance d’une reconstruction en cours, qui ne les concerne pas forcément. Chacun en effet continue dans sa voie miséreuse (prostitution, vente de poignées de cacahuètes dans les bars...) ou se réfugie dans la constitution d’une famille ou dans la religion, synonyme de « bonne morale ». Le futur lui, signifie l’exil et ses dangers, mais aussi le ressenti d’un asservissement. Au fil de ces mini-portraits entrecroisés, les mots sont forts, face à la faim (« je pourrais vous manger » dit l'un des personnages...) ou face à l’absence de perspective (« je ne suis pas votre servant »), donnant visage à une colère qui bouillonne, à l’extrémisme religieux et à un potentiel terrorisme à venir. Particulièrement sombre, "Afterwar" décrit au final le cercle vicieux de la guerre et de la vengeance, comme les sources du fanatisme religieux, et se clôt sur une phrase glaçante en forme d’avertissement qui fait froid dans le dos.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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