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LES 7 MERCENAIRES

Un film de Antoine Fuqua

Un remake efficace, préférant la noirceur au glamour

Sam Chisolm est un des meilleurs chasseurs de primes de l’Ouest. Lorsqu’il rencontre les habitants désemparés de la petite ville de Rose Creek, tombée aux mains d’un homme d’affaires sans pitié, celui-ci accepte de monter une équipe pour essayer de sauver ces villageois. Même si cette mission ne peut avoir qu’une issue tragique…

Alors que le récent remake du chef d’œuvre de William Wyler, couronné de onze Oscars, "Ben-Hur", vient de sortir dans les salles, une autre adaptation d’un classique hollywoodien débarque sur nos écrans, "Les Sept mercenaires". Relecture américaine des "Sept samouraïs" d’Akira Kurosawa, le film (qui donna naissance à plusieurs suites moins recommandables) voyait une bourgade de fermiers se rebeller contre un riche industriel ayant décidé de les chasser de leurs terres. Cette version 2016 débute ainsi comme les précédentes, au moment où l’oppresseur vient rompre la tranquillité du village en faisant parler la poudre. Suite à ce massacre, une jeune femme va partir en quête d’hommes prêts à venir défendre leurs humbles demeures. Cette aide, elle va la trouver auprès de Sam Chilsom, chasseur de primes au grand cœur. Dégainant plus vite que son ombre, celui-ci va constituer une équipe hétérogène composée d'hommes tout aussi doués que lui pour manier les armes.

Efficace et rythmée, l’œuvre d’Antoine Fuqua commet malheureusement plusieurs maladresses, l’empêchant ainsi d’atteindre le niveau de ses modèles. En particulier, accentuant l’erreur de John Sturges de bâcler la caractérisation des protagonistes, le cinéaste rate complètement son entrée en matière. Résumant l’introduction de chaque mercenaire à une saynète peu inspirée, le réalisateur limite ses héros à des êtres interchangeables, dont on ne connaîtra jamais les motivations les poussant à accepter une mission suicide. Alors que l’original asiatique prenait le temps de développer la vie au village et les relations ambiguës entre les « sauveurs », cet opus 2016 se contente d’alterner mécaniquement gunfights et séquences dialoguées d’une vacuité relativement dommageable.

Néanmoins, tout n’est pas à jeter dans ce western au classicisme élégant. Avec ses plans aériens et sa mise en scène nerveuse, "Les 7 Mercenaires" respecte scrupuleusement (mais avec talent) le cahier des charges du western à la violence poétique, où les balles fusent dans des déserts poussiéreux et où le soleil d’ocre bistre les visages patibulaires. Surtout, le film peut s’appuyer sur un casting éclectique particulièrement bon; ce qui, ironiquement, renforce notre frustration de voir la personnalité et le passé des personnages si peu exploités. Mais avec son assaut final époustouflant, magnifié par une dernière partition de James Horner, le métrage a le mérite de terminer en beauté, s’abandonnant à une grammaire visuelle bien mieux maîtrisée que le discours rabâché sur les dérives du capitalisme qui jalonne l’ensemble.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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