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21 GRAMMES

Brillamment construit

Paul (Sean Penn) attend une transplantation cardiaque. Cristina (Naomi Watts), mère de deux petites filles est une ex-junkie. Jack (Benicio Del Toro) est un fervent pratiquant religieux, qui a ses méthodes à lui d'éducation. Ces trois personnages sont en relation, en rapport à grave accident, l'un d'entre eux va peut être mourir, mais lequel…

Après le déjà performant Amours Chiennes (Amores Perros), découvert à la Semaine de la critique de Cannes, Innaratu récidive, du coté des Amériques, avec un film poignant, et toujours aussi brillamment mis en scène. Explosant toutes les règles de la chronologie, y compris les plus complexes (voir la construction à l'envers d'un Mémento), il parvient cependant à conserver le spectateur attentif, en stimulant en permanence son imagination.

Car le propre de ce film, par l'imbrication de plusieurs temporalités différentes, pré ou post accident, est de nous faire imaginer la nature de celui-ci, et surtout les liens ou les motivations des personnages. Ainsi, les quatre scènes relativement courtes montrant des bribes de la vie du personnage de Sean Penn, qui se succèdent et le montrent tour à tour, bien portant, marié avec Charlotte Gainsbourg, puis au lit avec Naomi Watts, attendant sa transplantation, puis blessé d'un coup de revolver et pissant le sang, révèlent toute la complexité d'un récit qui perturbe le spectateur.

Car dans quel ordre faut il remettre ces fragments de vie ? La blessure par balle est-elle la cause de la transplantation ? Naomi Watts est elle sa maîtresse ? Ou Charlotte Gainsbourg serait-elle morte dans l'accident, ou à cause de l'opération qu'elle prévoit de subir dans le but d'avoir un enfant ? Ainsi le puzzle se reconstitue sous nos yeux, nous emmenant parfois dans des fausses pistes, grâce à cette menace permanente de mort qui pèse sur chacun des personnages, qu'il s'agisse de l'arrêt cardiaque, de l'overdose, de l'agression prison ou d'une opération à risques.

Saluons l'interprétation chorale absolument confondante de toute une brochette d'interprètes, dont en tête, Naomi Watts pleine de l'énergie du désespoir, et au visage bouffi par la souffrance. Elle fait face à un Sean Penn au sommet de son art, torturé, et aussi égoïste que compatissant. Un grand numéro d'acteurs pour une histoire aux accents terrifiants, filmé avec brio, la caméra à la fois proche des corps et visages, et soumise à la tempête intérieure des différents protagonistes. Prenant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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