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2 NUITS JUSQU’AU MATIN

Un film de Mikko Kuparinen

1 ennui jusqu’à la fin

Caroline est une architecte française. Jaakko est un DJ finlandais. Suite à une rencontre hasardeuse dans un hôtel de Vilnius, ces deux êtres se séduisent et passent une nuit ensemble. Mais lorsqu’une éruption volcanique perturbe le trafic aérien et les contraint chacun à ne pas prendre l’avion, cette aventure d’un soir va-t-elle se prolonger ?

S’il y en a qui vont voir ce film en espérant assister au nouveau "Lost in translation", il vaut mieux qu’ils se préparent à l’avance, si possible en prenant soin d’emporter un oreiller et un tube de vitamine C afin d’éviter de tomber dans les bras de Morphée toutes les cinq minutes. Déjà incapable de reproduire ce sentiment mêlé de plénitude et de transe qui irriguait chaque scène du chef-d’œuvre de Sofia Coppola, ce petit film finlandais ne réussit même pas à égaler ce que Danièle Thompson avait illustré dans "Décalage horaire" à partir d’une situation identique. Si l’on s’en tient à jouer les comparatifs avec le film de Coppola, les questions se bousculent. Où est passé ce doux spleen qui découle du déphasage suscité par une situation de transit ? Où est passée cette mise en scène ouatée qui évoquait une hypothèse de rapprochement (et pas forcément charnel) sous la forme d’un tendre chuchotement à nos oreilles ? Où est passée la poésie des sentiments ? Où est passé le décalage suscité par les problèmes de traduction ? Où est passée la beauté du cadre et de la bande-son ? Tout cela s’est ici évaporé.

Le film auquel on assiste est un peu le squelette des deux films précités. Mikko Kuparinen s’en tient à son canevas de départ (deux êtres déphasés vivent une aventure d'un soir avec lendemain mais sans lendemains) et laisse sa mise en scène en pilotage automatique. Viennent alors se greffer ici et là en guise de meubles quelques poncifs référentiels et narratifs, signes d’un cinéma auteurisant qui tend à se regarder le nombril : à titre d’exemple, citons le coup classique des deux personnages côte-à-côte qui regardent ensemble par la fenêtre (parce que c’est « profond » comme image) et qui ne disent rien (parce que c’est-beau-la-dignité-du-silence-de-deux-êtres-esseulés-qui-se-désirent-sans-se-désirer). On aura beau louer le contraste suscité par les tempéraments opposés des deux acteurs (elle est mesurée, il est désinvolte), ce n’est pas assez pour susciter ne serait-ce qu’un brin d’émotion. Un ennui jusqu’à la fin, donc.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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