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Venise 2019

Retour sur la Compétition 2019 de films interactifs VR

La partie interactive de la sélection de Venise VR 2019 a clairement fait moins appel à des acteurs en live, contrairement à l’an dernier. Ces dispositifs qui demandent des moyens souvent considérables, ainsi que les décors tactiles, ont donc fait place à des dispositif plus simples, vous mettant dans l’ambiance, et privilégiant notamment l’approche type Escape Game. Deux films se sont néanmoins distingués : « A linha« , très joli conte jouant sur le principe de répétition, qui a remporté le Prix de la meilleure œuvre interactive, alors que « The Key« , au concept plus complexe, mêlant actrice, images de synthèse et thème d’actualité a ravi le Prix du meilleur film immersif VR 2019.

A LINHA
de Ricardo Laganaro
Brésil / Note +5

"A linha" est sans doute l’une des œuvres les plus réussies de cette édition, proposant à la fois de suivre une histoire en forme de conte amoureux, mais aussi d’aider les personnages à passer certaines étapes. Face à un plateau sur lequel se déploie un décor de modélisme (des trams, bus, vélos se déplacent d’ailleurs dessus…), on suit un petit personnage cherchant à offrir des fleurs à une femme. L’interaction est simple mais toujours sciemment positionnée, le joueur déclenchant diverses actions (un jet de journal, le passage d’un tram, un morceau d’orgue…), et la partie où le système se détraque, nous obligeant à nous baisser pour en découvrir la mécanique et aider le personnage à retrouver son chemin est assez délicieuse. En bref, c’est non seulement charmant, mais cela titille l’imaginaire et le souvenir d’automates d’antan.

THE KEY
de Céline Tricart
USA / Note +5

Autre film choc de cette édition, "The Key" propose une expérience hors normes sensibilisant au thème des réfugiés. Nous sommes d’abord mis dans l’ambiance grâce à deux écrans extérieurs qui proposent une introduction. Une femme (actrice) ayant oublié son passé vous invite à regarder des photos sur les murs, puis vous remet une clé lumineuse. Vous pouvez alors mettre le casque VR et passer en vue subjective. Dans un appartement, dans un village flottant, vous découvrez des sortes d’extra-terrestres sans visage, puis devez ouvrir un coffre et de protéger trois boules de couleurs qui gravitent autour de vous : une qui danse, une qui chante, une qui se pose dans votre main… Une aventure qui permettra de raviver les souvenirs d’une réfugiée, permettant ensuite d’évoquer une fois le casque enlevé, avec l’actrice, la situation de ceux-ci dans le monde d’aujourd’hui.

THE SLEEPLESS NIGHTS
de Gabo Arora
USA, Canada / Note +4

Équipé de nouvelles lunettes à l’épaisseur bien moindre qu’un casque, au système de son intégré, vous pouvez vous laisser aller à l’expérience "These Sleepless Nights", vous proposant quatre positions autour d’un cube blanc, qui va s’animer sous nos yeux. Ce documentaire permet d’aborder la douloureuse question des expulsions de logement. Il s’agit d’abord de toucher le mur, révélant ainsi des témoignages sur un contexte de pauvreté, puis de s’asseoir face à lui, des têtes formées par des points évoquant le passage au tribunal, puis de se tenir debout face au mur lors de l’éviction, tout en tentant de tenir dans sa main un cœur flottant. Enfin, au sol apparaissent des monticules et autres formes, évoquant la blessure intime de chacun. Une manière très originale d’apporter des témoignages d’un phénomène devenu monnaie courante aux USA.

GLIMPSE (Preview)
de Benjamin Cleary et Michael O’Connor
UK, Irlande / Note +4

"Glimpse" propose de nous mettre à la place d'un peintre. Mais lorsqu'on se penche, on peut voir dans un miroir qui l'on est réellement. Un cahier volant se présente à nous, dont on peut tourner les pages, révélant ainsi un à un des souvenirs en 3D façon miniatures (une rencontre, un emménagement, le manque...). Une belle histoire d'amour évoquée avec un soupçon de fantaisie.

BRITANNIA VR : OUT OF YOUR MIND
de Kim-Leigh Pontin
UK / Note +4

"Britannia VR: Out of Your Mind" est un jeu vidéo, dans lequel les manettes nous permettent de saisir différents objets et de se téléporter. Nous évoluons dans un lugubre monde de druides, avec des décors de bois inquiétants, dans lequel il faut s’arrêter pour des prédictions, jeter des dés pour avancer, s’équiper (bracelets, casques…) avant d’arriver à une cérémonie où l’on s’élève dans les airs. Un rien flippant.

BODYLESS
de Hsin-Chien Huang
Taiwan / Note +4

"Bodyless", aux visuels très jeu vidéo, nous permet de voler dans une cellule de prison, dans laquelle un homme sous perfusion est allongé sous une couverture. Les murs sont couverts de végétation, qui interpénètre la structure du bâtiment. On peut ensuite explorer différents mondes : de papiers en feu, des temples, des maisons flottant dans les airs, des tunnels… Étrange et beau, ce voyage vous en met plein les yeux.

PAGAN PEAK VR
de Ioulia Isserlis et Max Sacker
Allemagne / Note +4

"Pagan Peak VR" s’apparente à un escape game. Dans une cabane au décors lubrique et complexe, il s’agit de trouver des clés, un code pour désactiver une bombe, déplacer des pions sur une carte… Classique pour ceux qui visitent régulèrement les Escape Rooms, mais sans doute efficace à la maison ou à distance avec les copains.

COSMOS WITHIN US
de Tupac Martir
Luxembourg / Note +3

À défaut d’avoir pu nous inscrire pour jouer à "Cosmos Within Us" (il n’y a qu’un seul joueur), nous avons assisté avec 3 autres personnes, en tant que spectateur au « Behind the scene ». Le joueur expérimente les souvenirs d’un homme de 60 ans, dont l’appartement a été détruit. Un petit orchestre joue la musique en direct, les odeurs et le vents sont provoqués par les organisateurs… Mélange d’expérience sensorielle et de vidéo, le film s’avère réellement émouvant.

A LIFE IN FLOWERS
de Armando Kirwin
USA, Japon / Note +3

Dans "A Life in Flowers", c’est avec la voix, que le participant entraine la poussée de certes fleurs, formant de magnifiques ensemble. Une œuvre ludique et poétique à la fois, presque trop courte.

PORTON DOWN
de Callum Cooper
Australie, UK / Note +3

"Porton Down" nous positionne à la place d’un soldat subissant des expérience. Devant nous, un buzzer que l’on voit (mais qui existe aussi vraiment), sur lequel on peut appuyer avec ses mains (réelles comme virtuelles donc) en réponse aux tests qui servent d’interlude entre différents tableaux miniatures ou géants, évoquant les travaux des services secrets britanniques. À la sortie, cerise sur le gâteau, le résultat de votre test est imprimé et vous repartez avec. Une jolie idée pour un sujet cependant délicat.

INORI
de Liu Szu-ming et Komatsu Miwa
Taiwan / Note +3

Positionné au milieu d’une tente ronde, peinte, nous mettons le casque et nous laissons guider dans "Inori". Avec des manettes qui permettent de représenter nos mains, le film offre un voyage dans des peintures, entre des sortes de planètes, puis dans des grottes où apparaissent différents monstres. Le fait d’orienter son regard dans une direction permet de projeter de la lumière, déclenchant au passage divers mécanismes, de libérer des peintures, afin de trouver son chemin. Dépaysant.

DOCTOR WHO : THE EDGE OF TIME
de Marcus Moresby
UK / Note +3

"Doctor Who : The Edge of Time" est lui aussi un jeu d’escape game. Dans une laverie envahie par des créatures, vous devez répondre au téléphone (indice), trouver la combinaison d’un coffre, récupérer le tourne vis et vous rendre dans la cour arrière pour tenter de vous échapper. Là il s’agira de monter une antenne afin de franchir les portes… Prémices d’un jeu sympathique et pas si facile, on attend de voir le reste.

DOWLOADED
de Ollie Rankin
Canada / Note +2

"Downloaded" explore la dématérialisation de l’esprit humain, en projetant le spectateur à l’intérieur d’un ordinateur. Là, il peut agir en pointant la souris à un endroit spécifique, en utilisant des indices en forme de dessin, en bougeant des formes triangulaires ou carrés, pour enfin revenir dans le monde réel. Le mélange d’animation et de prises de vues n’est pas des plus heureux, et l’expérience semble dater un peu.

LOVESEAT
de Kiira Benzing
USA / Note +2

"Loveseat" relève plus finalement de l’expérience théâtrale que de la réalité virtuelle. Dans un salle avec des gradins de chaque côté, une trentaine de personnes s’assoient et assistent à une émission (très bavarde) dans laquelle un pasteur noir volant, fait jouer deux concurrents, ayant chacun un jardin. Les spectateurs voient donc les acteurs avec leurs équipements VR en live, et peuvent voir sur écran ce que cela donne. Quelques uns peuvent cependant mettre un casque, devenant un avatar dans le public du jeu, rejoints également par d’autres avatar d’audience virtuelle connectée par internet. L’interaction avec les autres spectateurs n’est pas vraiment possible… mais c’est sans doute l’étape d’après.

LOVESEAT SOUNDSTAGE
de Kiira Benzing
USA / Note +1

"Loveseat Soundstage" était une extension sonore de "Loveseat", jeu télé auquel participent de vrais acteurs et un mélange d’audience réelle, virtuelle et via internet. Avec des lunettes équipées d’un système de son, il s’agissait de choisir une chaise et fermer les yeux, en imaginant être en train de voler. Très peu concluant, nous concernant en tous cas.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur