VERDICT

The judgment day

Au cours d’une dispute à son domicile, Joy est victime des coups portés par son mari. Elle s’empresse alors de le dénoncer aux autorités, ce qui permettra la tenue d’un procès dont l’enjeu sera aussi la protection de sa toute jeune fille…

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"Verdict", suite du court métrage "Judgement" (en compétition à Cannes), se distingue des longs-métrages habituels sur les femmes victimes de violence domestiques, car il ne s'agit pas d'un film dramatique mais quasi-juridique. L'empathie n'est, certes, pas absente, mais elle est largement reléguée au second plan. C'est le procès qui occupera la majeure partie du film. Le réalisateur ne cherche pas à accentuer la détresse de ses personnages, ni à dénoncer un système porteur d'injustices. L’héroïne n'est pas victime de violences répétées auxquelles elle serait incapable de faire face et que la société refuserait de reconnaître. Au contraire ici, aussitôt que la violence conjugale a éclatée, au tout début, la femme quitte immédiatement son domicile avec sa fille pour se rendre à la police. Elle n'aura pas à faire face à la froideur d'une administration débordée, ni au mépris d'autorités aveugles. L'unité de police spécialisée dans la lutte contre ce type de violence interviendra sur-le-champs pour arrêter le mari. L'hôpital prendra ensuite le relai pour porter les premiers secours. La justice, quant à elle, ne sera pas en reste puisqu'un procès équitable sera rapidement organisé. Les relations entre le mari et sa femme se feront désormais par l'intermédiaire d'une institution impartiale.

Le réalisateur évite d'enfoncer des portes ouvertes pour aller droit au sujet qui l'intéresse : celui d'une confrontation sereine, permettant d'appréhender le problème dans toute sa complexité, sans complaisance ni manichéisme. Ainsi il n'hésite pas à faire du mari un père attentionné et tendre avec sa fille. Un homme qui joue le jeu du procès et qui sera lui-même victime du manque d'argent pour payer sa défense. Ainsi, il ne se contente pas simplement de dénoncer des « méchants », mais cherche plutôt à poser de multiples questions et à exposer les différents points de vue. Il ne vise pas les individus en particuliers, mais un état d'esprit général, celui qu'il perçoit dans son pays. Une mentalité qui conduit le mari a être sincèrement convaincu d'avoir un droit de violence physique légitime à l'encontre de sa femme. En évitant le jugement moral binaire, le réalisateur renforce la portée de son message et favorise la réflexion. L'habituel style documentaire, souvent utilisé pour ce type de film, s'avère donc bien adapté à la démarche d'un cinéaste qui propose une étude sociale plutôt qu'un manifeste moralisateur. Ce dont on le remercie vivement.

David ChappatEnvoyer un message au rédacteur

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