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SIMONE

Un film de Andrew Niccol

Tout simplement brillant

Victor Taransky (Al Pacino), réalisateur, est lâché par son actrice principale (Winona Ryder)et par son ex femme de productrice (Catherine Keener). Désireux de terminer son film, il est contraint d’utiliser le programme que lui a légué un fou d’informatique, qui permet de composer digitalement l’actrice idéale…

Simone (S1M-0Ne ou 'simulation one') est donc le nom de cette actrice idéale. Quel réalisateur n'a jamais rêvé d'une star qui ne dit jamais non, ne demande pas de caravane à la toiture plus haute (contrairement à Winona Ryder dans le film), ne réécrit pas ses répliques ? Andrew Niccol s'amuse à imaginer cette créature d'un autre monde, idyllique sur le papier, et démontre brillamment qu'elle aurait autant, voir plus d'influence sur la vie du réalisateur, qu'une actrice réelle.

Son choix s'est intelligemment porté sur Al Pacino pour jouer le metteur en scène, car quoi de plus ironique qu'embaucher un acteur hyper-connu pour déclamer " qui a besoin des acteurs " ?! Parfait dans le rôle, il semble prendre un malin plaisir à trier les M§M's pour que son actrice ne mange pas les rouges, ou à tenter de contrôler sa créature.

Andrew Niccol continue d'explorer ses thèmes de prédilection, l'illusion et la quête de l'idéal. Dans 'Gattaca', l'idéal génétique montrait ses limites et l'illusion identitaire portait l'espoir d'un monde contraint par la science. Dans 'The Truman Show', un réalisateur mégalo tentait de façonner un être psychologiquement idéal, modèle, à partir d'un enfant évoluant dans un monde entièrement illusoire, du décors aux membres de sa famille, tous acteurs d'un show télé.

Ici, la star idéale, numérique, se révèle une icône-image indestructible, qui envahit peu à peu la vie des gens réels et de son 'créateur'. Ce virage donne d'ailleurs lieux à des scènes savoureuses, dont celle où Simone se roule dans la fange et mange à la même mangeoire que des cochons. Son rôle dans ce 'I am Pig', sensé ruiner sa carrière, étant finalement interprété comme le plus osé !

Résolument tourné côté comédie, le nouveau chef d'œuvre d'Andrew Niccol vous emmènera aux confins de l'imaginable et vous enchantera par son cynisme, son intelligence et ses doubles niveaux de lecture. Alors n'attendez plus, courrez-y !

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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