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L'ORACLE

Un film de Philipp Stölzl

Une grande fresque à la résonance contemporaine

Au début du XIe siècle, en plein Moyen-Âge, tout le savoir des romains en termes de médecine semble avoir été oublié. Les quelques rares barbiers, qui pratiquent aussi la chirurgie, passent souvent pour des adeptes de la sorcellerie. Ayant perdu ses parents lorsqu'il était petit, Rob est devenu l'apprenti de l'un d'eux. Mais, lassé de pratiquer des amputations et de vendre de la pisse d'animaux comme remède miracle, il décide de se faire passer pour juif et de partir au moyen orient, espérant atteindre Ispahan où le plus fameux des médecins est censé enseigner son savoir...

Sortie directe en Vidéo / BluRay / DVD / VOD le 04 janvier 2016

Joli casting que celui de "The Physician", rebaptisé "L'Oracle" pour sa sortie française (directement en vidéo) du fait du don que semble posséder son personnage principal. Loin d'être finalement indispensable à l'histoire, ce dernier rajoute cependant une légère touche de fantastique à cette grande fresque qui nous est proposée. En outre, celle-ci réussit à charmer par l'ampleur de ses décors et ses paysages, tout comme par ses résonances contemporaines dans l'affrontement entre plusieurs conceptions de la religion et de la vie.

Reflet d'un intégrisme latent, de mouvements religieux qui ne supportent pas la présence d'autres croyances, encore moins l'idée de progrès scientifique, la peinture de la société perse de l'époque n'est pas sans omettre les conséquences de la dictature du Shah (Olivier Martinez, absolument méconnaissable). Mais il faut bien avouer qu'elle trouve un écho dans les troubles de l'époque actuelle. Ceci d'autant plus qu'on nous parle ici d'obscurantisme, de régression du savoir et de montée de l'intolérance, phénomènes qui menacent aujourd'hui l'ouverture et les équilibres de nos sociétés occidentales.

Bien sûr, le récit n'évite pas quelques aspects trop didactiques quant à la description des avancées scientifiques (découverte des facteurs favorisant la peste, évocation d'un mal qui ressemble à une certaine appendicite...). Mais la beauté d'une histoire d'amour renvoyant aux questionnements sur la place de la femme et le voyage offert à nos yeux (paysages superbes, visions somptueuses des villes traversées...) valent à eux seuls le détour. Dommage que l'interprétation de Tom Payne ("Héritage") soit trop sage dans sa confrontation à ses deux mentors, Ben Kingsley et Stellan Skarsgård. Néanmoins, "L’Oracle" constitue une fresque ample qu'on aurait aimé découvrir sur grand écran.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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