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DESIERTO

Un film de Jonás Cuarón

Un survival qui tourne en rond

Un groupe de Mexicains emmené par des passeurs tente de gagner la Californie dans l’espoir d’une vie meilleure. Lorsque la camionnette qui les transporte tombe en panne, en plein milieu du désert, ils se retrouvent obligés de continuer à pied. Mais un « gringo » américain, fermement décidé à empêcher quiconque de migrer dans son pays, les aperçoit et les prend en chasse…

Fils d’Alfonso Cuarón, qu’il assista sur l’écriture du scénario de "Gravity", Jonás Cuarón s’est lancé avec "Desierto " dans un ambitieux projet : consacrer un film entier à une traque dans une unité de lieu unique – un bout de désert tout ce qu’il y a de plus classique –, et donc par définition dépourvu d’aspérités propices à la création de récits alambiqués. De plus, avec une tête d’affiche comme Gaël García Bernal et une bande sonore signée Woodkid, musicien français en vogue aux États-Unis, on était en droit d’espérer quelque chose d’étonnant.

Le résultat est malheureusement très décevant. Avec un scénario quasi inexistant basé sur le systématisme – des proies tombant les unes après les autres sous les balles d’un homme particulièrement résolu – et des personnages sans aucune profondeur psychologique (en témoigne la confession du personnage joué par Bernal le soir au coin du feu, affligeante de conformisme), difficile de voir " Desierto" comme autre chose qu’un exercice de style pur et dur, qui consisterait à gérer un matériau (la tension) dans un espace géographique et temporel limité. Une intention tout à fait louable sur le papier, car audacieuse, mais qui à l’écran n’atteint jamais le niveau de spectacle ou d’émotions escompté. D’une durée d’1h30, le film semble interminable.

Alors certes, le traqueur et son terrible chien forment un duo efficace, que la violence et l’apparente absence de motifs rendent tout bonnement glaçant. Les acteurs font le job, incarnant parfaitement le mélange de peur et d’inconscience censé les habiter. Or la progression de l’intrigue manque singulièrement de souffle, créant un effet tunnel. Lassitude, quand tu nous tiens ! Et non seulement les quelques rebondissements qui ponctuent le métrage s’avèrent insuffisants pour relancer la machine, mais ils frisent parfois le ridicule (l’ours sonore qui se déclenche au pire moment, les balles qui pleuvent mais n’atteignent jamais le héros…). Des maladresses qui achèvent de discréditer ce qui, à y repenser, était une belle idée.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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