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Festival

Festival de Gérardmer 2009 : Jour 4 – Mutants, enfin !

1 février 2009

SAMEDI 31 JANVIER 2009

DEAD GIRL

On attaque la journée avec le septième film de la compétition, l'américain "Deadgirl", précédé d'une réputation de film sombre et déviant, dans lequel deux ados désœuvrés découvrent le corps dénudé d'une jeune femme dans les sous-sols d'un asile désaffecté. Un pitch intriguant et un peu malsain, pour un résultat malheureusement décevant. À la manière de "Teeth" l'année dernière, le premier film de Gadi Harel et Marcel Sarmiento (venu présenter le film) n'utilise le genre que comme un prétexte à s'aventurer sur les terres adolescentes d'un Larry Clark. Assez pauvre visuellement (caméra à l'épaule et lumière crue), plombé par des dialogues d'une rare lourdeur et le jeu outrancier de ses acteurs principaux, "Deadgirl" voit toutes ses tentatives trash (deux ados, une morte, trois possibilités...) tomber à plat. Incontestablement, le film raté du festival.

COURTS-METRAGES

Projection de la compétition des courts-métrages à l'Espace Lac, en présence du jury (Vladimir Cosma, Leila Bekhti, Julie Ferrier, Mabrouk El Mechri et François Vincentelli) et de la majorité des réalisateurs.

Ca commence plutôt pas mal avec le premier film de Jean-Baptiste Herment, le giallo "Persona Non Grata". Un huis-clos sombre qui voit une jeune femme coincée dans un appartement avec son tueur de frère, armé et masqué. Un petit film sous influence donc, citant Mario Bava, ou même Clive Barker, dans le déroulement de sa courte intrigue et la teneur de sa photographie granuleuse. Un petit peu anecdotique dans l'ensemble, mais idéal pour démarrer.

C'est avec le touchant et drôle "Tony Zoreil" de Valentin Potier et l'excellent "Dix" du collectif Bif, déjà vus à Villeurbanne, que l'on enchaîne, avant d'assister à une authentique invasion de zombies à Paris. Romantisme de comic-books, fusillades sanglantes et morts-vivants putréfiés (dont celui de Zizou !), le "Paris by Night of the Living Dead" de Grégory Morin délivrait le quota de fun et de bisserie, détruisant Paris avec un joyeux entrain et osant remercier les grands noms du Bis et du Z italien (Lucio Fulci, Umberto lenzi, Antonio Margheriti, Marino Girolami...) plutôt que le célébré Romero dans son générique de fin. Culotté et braillard, bref, idéal.

La suite fut toute autre puisque "Redrum" de Florent Schmidt est un nouveau huis-clos meurtrier dans lequel sont impliquées deux jeunes femmes (Audrey Marnay et Sara Forestier), après qu'elles aient suivi un homme chez lui. Un peu démonstratif, mais violent et habité, le film tire parti de ses actrices pour faire oublier son aspect télévisuel et fauché. La sélection se termine avec le très cynique "Next floor" de Denis Villeneuve, métaphore politisée et martiale qui voit les convives d'un banquet gargantuesque, tous assimilés à une culture ou un pays, manger encore et toujours jusqu'à passer à travers les plancher. Drôle et visuellement aboutit, un petit bijou à retenir.

MUTANTS

Début de soirée, et c'est le très attendu "Mutants" de David Morley qui entame les hostilités. Attendu par les fans de genre pour son caractère mystérieux et original (un film d'infectés au coeur de la France), par son casting intriguant (l'inattendu Hélènes de Fougerolles, l'excellent Francis Renaud, le charismatique Dida Diafat) et par le passif de son réalisateur dans le court-métrage (il fut d'ailleurs primé à Gerardmer), "Mutants" raconte la fuite d'un couple dans un monde décimé par un virus et envahi de créatures sanguinaires. S'il est clairement au cœur de cette mini-vague de films d'horreur français récents, le film de Morley ne pratique pourtant pas le même extrémisme narratif, visuel et thématique, laissant de côté le gore outrancier, le sadisme et les nazis pour raconter une histoire d'amour touchante et destructrice. C'est le cœur romantique du film qui fait la valeur de "Mutants", plus que les très efficaces scènes d'horreur et de fusillades. Une émotion inattendue qui achève de faire du film l'un des meilleurs de son genre.

COLD PREY / COLD PREY II

On enchaîne directement pour la nuit de "l'Effroi venu du froid", présentée par un maître de cérémonie québécois. Au programme, pour débuter, rien de moins que les deux volets de la saga "Cold Prey". Le premier, réalisé par le bien nommé Roar Uthaug, se déroule dans un chalet-hôtel abandonné où cinq jeunes ont trouvé refuge après que l'un d'entre eux ce soit cassé la jambe en surfant. Evidemment, ils ne sont pas seuls. Slasher efficace et parfois franchement flippant, le film prend le temps d'installer une ambiance et de présenter ses personnages parfaitement interprétés, avant de lâcher à leurs trousses un montagnard hargneux armé d'un piolet. Rythmé, fun et sanglant, "Cold Prey" marque surtout la révélation de l'excellente Ingrid Bolso Berdal, nouvelle venue dans la famille des scream-queens européennes.

"Cold Prey II", réalisé par Mats Stenberg, est d'un tout autre acabit. Reprenant la structure de "Halloween II", le film démarre directement à la fin du premier opus, voyant l'unique survivante (Ingrid Berdal à nouveau, encore plus impliquée que dans le premier) échouer dans un hôpital de la région. Là, les médecins réaniment le géant au piolet et le massacre peu reprendre. Laissant de côté les spécificités du premier opus (personnages bien campés, scénario cohérent, lumière faussement naturaliste) pour une efficacité purement américaine, transformant le tueur montagnard en nouvel émule indestructible de Michael Myers ou Jason Voorhes. De l'horreur industriel en somme, fun mais sans grand intérêt.

Frederic Wullschleger Envoyer un message au rédacteur