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Festival

Festival de Gérardmer 2008 : Jour 2 - Une question de survie...

25 janvier 2008

Jeudi 24 janvier 2008

Histoire de bien commencer la journée, nous nous rendons de très bonne heure (9h00, c'est tôt !) au Cinéma Paradiso, où est projetée la sélection des Inédits vidéos.

BLACK WATER

On démarre avec un film australien à la réputation flatteuse, la première réalisation d'un tout jeune duo composé de David Nerlich & Andrew Traucki. “Black Water” raconte l'éprouvante histoire de trois touristes échoués sur un arbre après que leur bateau ait été renversé par un crocodile particulièrement féroce. Eprouvant, mais sur le papier seulement, tant ce “Black Water” décoit rapidement. Très lent, souffrant d'une mise en scène approximative (on pense parfois à “Open Water”) et d'un scénario inexistant, le film ennuie plus qu'il ne terrifie. Reste la beauté envoûtant d'un cadre sauvage, le jeu impliqué des trois comédiens et une bestiole magnifique lorsqu'elle daigne enfin montrer son nez. C'est trop peu, même pour un fan de séries B zoologiques.

DETOUR MORTEL 2

On sort de la petite salle et on y retourne aussitôt pour un autre inédit, le survival “Détour mortel 2”. Suite d'un premier opus déjà peu glorieux, le film de Joe Lynch voit une équipe de tournage confrontée à une famille de cannibales dégénérés planqués dans la forêt. Sous le commandement d'un militaire particulièrement burné (Henry Rollins, génial), une bande de citadins pas très intelligents espère participer à une émission de télé-réalité simulant l'apocalypse. Et si les dialogues débiles, les acteurs horripilants et le scénario indigeste nous inquiètent, la première scène vient immédiatement nous rassurer : “Détour mortel 2” sera très bête, mais très gore. Enchaînant avec bonne humeur les scènes chocs les plus dégoûtantes. Vraiment drôle.

EPITAPH

Il est tout juste 15h00 lorsque l'on se rend au Casino du Lac pour la séance de rattrapage du film Sud-Coréen “Epitaph”, présenté en compétition le matin-même. Enième histoire de fantômes asiatiques, le film des frères Jung s'intéresse à un hôpital dans lequel se déroulent de bien étranges choses. Faux film à sketche (trois histoires se succèdent, dans l'incompréhension la plus totale), “Epitaph” est une ghost story esthétisante (certains plans sont vraiment magnifiques), malheureusement déjà vue plusieurs fois, et en bien mieux. Lent et démonstratif, le film est parfois sauvé par quelques fulgurances visuelles malheureusement un peu vaines.

TEETH

On continue dans la compétition avec la projection, à 17h00 à l'Espace Lac, de “Teeth”, premier long-métrage de Mitchell Lichtenstein. Adolescente bigote et coincée, Dawn est née avec un vagin denté. En pleine découverte de son propre corps et des ses désirs, la jeune fille va faire les frais de son étrange mutation. Très attendu, “Teeth” est finalement assez décevant. Préférant s'attarder sur les émois passionnels de son héroïne, le réalisateur oublie son sujet en cours de route, laissant le fantastique s'incruster dans le réel durant une poignée de scènes, certes amusantes (la visite chez le gynéco), mais dénuées de toute surprise et originalité. Les personnages sont assez fouillés et consistants, mais la farce promise tourne rapidement à la comédie romantique la plus gentillette qui soit. Et si le final laisse particulièrement perplexe, restent quelques scènes un peu délirantes, où “Teeth” devient une critique inoffensive du fanatisme le plus léger qui soit. Dommage pour le concept de base, pourtant propice à tous les délires.

Lire la critique de « Teeth » par Olivier Bachelard

LE ROI DE LA MONTAGNE

Egalement en compétition, nous enchaînons avec LA première vrai surprise de ce festival, le second film de l'espagnol Gonzalo Lopez-Gallego, venu présenter son oeuvre aux festivaliers. Déjà conquis par la sincérité du bonhomme, on entame la projection du “Roi de la montagne”, dans lequel un quidam et une jeune femme mystérieuse sont pris en chasse par des chasseurs invisibles et redoutables. Démarrant comme un survival pur jus, “Le Roi de la montagne” tétanise rapidement par son efficacité. Malgré le poids de ses références (on pense beaucoup à “Délivrance”), Lopez-Gallego fait preuve d'un talent certain dans la gestion de sa mise en scène.

Economisant les dialogues superflus, filmant la nature avec emphase, le jeune cinéaste mène la barque avec intensité, imprimant un rythme trépidant à son histoire de survie. Mais là où le propos du film touche au sublime, c'est dans sa deuxième partie, lorsqu'il met de côté le survival pour s'intéresser aux bourreaux : deux gamins armés et inconscients, pratiquant la chasse à l'homme comme on joue à “Half Life”, “Counter Strike” et autres jeux vidéos de tirs. “Le Roi de la montagne” se transforme alors en récit atypique, Lopez-Gallego incluant les codes visuels et narratifs des jeux vidéos au sein de son projet de survival réaliste. Ambitieux dans son propos, maîtrisé dans sa forme, “Le Roi de la montagne” est une bombe.

FRONTIERE(S)

La soirée se termine avec la projection du très attendu “Frontière(s)” de Xavier Gens. Présent à la projection avec une partie des acteurs (Samuel LeBihan, Karina Testa, Maud Forget, Aurélien Wiik et Adel Bencherif), Gens nous présente son film comme un concentré de tripes, de sang et de seins. Dès sa première scène, le public est conquis. Faux film socialement engagé, mais vrai film d'exploitation qui s'assume, “Frontière(s)” fonce dans le tas. Avec ses comédiens peu inspirés, ses dialogues parfois ridicules et sa caractérisation caricaturale, le premier film de Xavier Gens pourrait se révéler rapidement inepte. Mais c'était sans compter sur une énergie certaine, énergie qui traverse le métrage de bout en bout. Survival féroce et outrancier, “Frontière(s)” pratique l'extrémisme à tous les niveaux, balançant à la face du spectateur son lot de scènes hyper-gores, sa vulgarité jouissive et son irrespect total envers qui ou quoi que ce soit. S'il est loin d'apporter une quelconque légitimité au genre, le shocker furieux de Gens s'impose comme un tour de force sans pareil, une grenade dégoupillée, certes maladroite et grossière, mais toujours sincère et jusqu'auboutiste. Une claque, à voir ne serait-ce que pour le croire !

Lire la critique de Frontière(s) par Frédéric Wullschleger

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