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LE COEUR RÉGULIER

Un film de Vanja D'Alcantara

Sublime et bouleversant, mais légèrement soporifique

Alice ne supporte plus ce qu’elle est devenue et les mots de son frère fraîchement décédé ne cessent de la hanter. Pour se retrouver elle-même et se rapprocher de lui, elle va partir sur ses traces au cur d’un mystérieux village japonais…

Le Cinéma aime définitivement beaucoup Olivier Adam. Après "Je vais bien, ne t'en fais pas" et "Welcome" mis en images par Phillipe Lloret, l’écrivain avait aussi eu les honneurs de deux autres adaptations : "Poids léger" par Jean-Pierre Améris et "Des vents contraires" revu et corrigé par Jalil Lespert. Pour son premier long métrage, Vanja D'Alcantara a elle aussi décidé d’essayer de s’emparer de la douce poésie et de la nostalgie de l’auteur avec cette chronique existentialiste qui voit une femme tout quitter pour marcher sur les traces de son frère au Japon. Alice était bloquée depuis longtemps dans le quotidien monotone de son existence terriblement banale, au point de s’éteindre petit à petit. La mort de son frère va déclencher un sentiment de révolte, une nécessité de se réveiller, comme une échappatoire salvatrice à la douleur.

L’intrigue nous invite alors dans le décor mystique du village de Tojimbo, célèbre aussi bien pour ses spectaculaires paysages que ses falaises au sommet desquelles de nombreuses personnes viennent pour se suicider. Et c’est précisément à cet endroit que la protagoniste principale va faire la rencontre d’un homme âgé, ancien policier reconverti en gardien des vivants, glissant quelques mots bienveillants pour éviter le sort funeste du grand saut. Délicat et sobre, le film repose avant tout sur la relation entre ces deux êtres. Isabelle est parfaite en pèlerine mutique et endeuillée. Les répliques sont distribuées avec parcimonie. Les non-dits questionnent sur la nature humaine et le sens de la vie. Malheureusement, au-delà de cette fable agréablement onirique, le drame s’éternise, finissant par ne plus raconter grand chose. Les clichés sur l’Orient ainsi que les lapalissades sur la mort finiraient presque par entacher l’émotion sourde qui se dégage de ces images léchées. La jeune cinéaste a alors la bonne idée d’arrêter ce lent naufrage au bout de quatre-vingt-quinze minutes, juste avant que toutes les bonnes intentions et qualités du métrage fassent elles-aussi ce grand saut irrémédiable.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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