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MICHEL PETRUCCIANI

Un film de Michael Radford

Petit mec, grand homme

La vie de Michel Petrucciani, l'un des plus grands pianistes de jazz, atteint de la maladie des os de verres.

Pas besoin d'aimer le jazz pour découvrir ce destin hors du commun. Tel n'importe quel film de fiction qui nous parlerait d'un homme parti de rien qui accomplirait de grandes choses, ici, nous avons bien la preuve que c'est d'abord la réalité qui nous offre les histoire les plus extraordinaires. Michel Petrucciani a deux choses rares qu'il devra apprendre à gérer toute sa vie : une maladie qui le rend vulnérable au moindre choc (à titre d'exemple, c'est aussi cette maladie dont est atteint Elijah Price, le personnage incarné par Samuel L. Jackson dans « Incassable ») et un don exceptionnel pour la musique. Mais contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, c'est moins sa maladie qui sera pour lui handicapante que son investissement immodéré pour la musique. On apprend alors qu'il faisait dix à douze heures de piano par jour dans son enfance et que dans les dernières année de sa vie, il jouait sans cesse et à un rythme effréné (de l'ordre de deux cent concerts par an), ce qui n'a pas rendu service à son organisme fragile. On découvre ainsi un personnage complètement dévoué à son art, mais qui est aussi beau parleur, bon vivant et, surtout, séducteur invétéré...

Le jazz a évidemment une place centrale dans le film, et l’on découvre que le « problème » physique de Petrucciani contribue (en partie) à lui donner une technique prodigieuse et inimitable : ses os étant plus légers que la normale, il lui est possible par exemple de faire des gestes dix fois plus rapides qu'un pianiste normal. Mais il y a le revers de la médaille : il donne tellement d'énergie en jouant qu'il lui arrive fréquemment de se casser des os sur le piano...

Plus qu'un documentaire sur le jazz, « Michel Petrucciani » est donc une véritable leçon de vie qui montre de manière simple qu'un handicap n'empêche pas, d'une part, d'être heureux, d'autre part, d'accomplir de grandes choses. Et comme le dit très justement l'un de ses amis : « on peut lui pardonner les quelques erreurs qu'il a commises, si l’on regarde ce qu'il a accompli dans sa courte vie de 36 ans, alors que la plupart des gens vivent jusqu'à 80 ans sans n’avoir rien fait de spécial ». C'est toujours bon de s'en souvenir, à l'époque où pour les masses, le divertissement passe avant la culture, et où la notion d'accomplissement est occultée par le monde de la consommation.

Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur

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