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SWORDSMEN

Un film de Peter Chan

Les experts : Pékin

En Chine, sous la dynastie Qing, Tang Long, un fabriquant de papier, mène une vie paisible dans un village isolé avec sa famille, jusqu’à ce qu’il tue accidentellement deux voleurs en tentant de se défendre. L’inspecteur Xu Bai-Jiu enquête sur l’événement, convaincu que Tang Long est en réalité l’un des hommes les plus dangereux de pays.

Sortie directe en DVD et Blu-ray le 20 février 2013

Avec Peter Chan derrière la caméra, avec Donnie Yen (« IP Man ») et Takeshi Kaneshiro (« Les 3 Royaumes ») devant, le projet semble intéressant, même si le réalisateur du sympathique « Les seigneurs de la guerre » n’est pas un aussi bon directeur d’action que Wilson Yip (« SPL », « Dragon Tiger Gate »… tous deux avec Donnie Yen). Ceci étant, ce rôle étant souvent relégué à un réalisateur de seconde équipe spécialisé dans l’action, on est en droit de s’attendre à un bon film d’époque. Il en est tout autre.

Projeté en séance de minuit lors du 64ème festival de Cannes, le film est une grosse déception. Quand on a l’homme qui prétend être plus rapide du monde (non pas Usan Bolt, mais Donnie Yen), on essaye de lui faire enchaîner les combats spectaculaires au lieu de lui faire jouer un rôle dramatique (dans tous les sens du terme). Oui, Donnie Yen essaye aussi de s’affirmer en tant qu’acteur de composition (si tu lis ces lignes Donnie, laisse tomber, fais moi confiance), mais à ce moment-là, qu’il apprenne à choisir ses scénarios. Quelle déception de le voir dans un unique combat en début de film, que l’on verra sous deux points de vues, le 1er étant ce que les témoins ont vu (c’est qu’il est rapide le Donnie) à savoir un employé naïf se défendant contre deux voleurs, le second étant la reconstitution de la scène par l’enquêteur (dans laquelle Donnie tatanne la gueule grave des deux voleurs).

Qu’il s’agisse du premier ou second point de vue, les deux sont mal chorégraphiés et frôlent le ridicule. Impossible d’imaginer Donnie Yen se faire tabasser, l’enjeu dramatique est décrédibilisé immédiatement, avant même que l’on sache qu’un inspecteur va arriver dans le village. L’enquête menée par Xu Bai-Jiu (Takeshi Kaneshiro) singe les séries « Les Experts », au point que l’on se demande si Jerry Bruckheimer n’est pas à la production du métrage. Mêmes ralentis, effets de caméras, lumière… Si Andy Lau était le Sherlock Holmes chinois dans « Detective Dee » de Tsui Hark, ici Takeshi Kaneshiro est le Horacio Caine du pauvre ! Dommage, quand on connaît les qualités de cet acteur. L’histoire se veut par la suite moralisatrice, délivrant un message sur la rédemption. Le criminel le plus dangereux du pays a-t-il droit à une seconde chance s’il décide de « raccrocher » et de vivre en paix avec sa famille ? A vrai dire aucun intérêt, tant la mise en scène et l’écriture frôlent des sommets de superficialité.

« Wu Xia », en plus de posséder un titre prétentieux et inapproprié (Wu Xia étant le raccourcie de Wu Xia-Pian, dénomination du « film de sabre » en chinois) est donc un non-film, une promesse non tenue, la faute à un scripte maladroit, une mise en scène sans personnalité (qui rivalise avec le réalisateur 6e équipe des « Experts : Miami » peut-être…) et des Donnie Yen et Kaneshiro, qui se demandent vraiment ce qu’ils sont venus faire là (du moins on espère qu’ils se posent cette question).

François ReyEnvoyer un message au rédacteur

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