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LE COMPLEXE DU CASTOR

Un film de Jodie Foster

Mari honnête

Walter Black, un homme complètement déprimé, n’arrive plus à parler à personne, y compris sa famille, et a perdu le goût de la vie. Un soir, il découvre par hasard une marionnette de castor. C’est à travers cet objet que Walter va réapprendre à communiquer.

« Le complexe du Castor » est d’une part le grand retour de Jodie Foster derrière la caméra, 16 ans après « Un week-end en famille », et d’autre part le retour de Mel Gibson dans un véritable rôle (oublions le non-film « Hors de contrôle »), 9 ans s’étant écoulés depuis « Signes » de M. Night Shyamalan. Paradoxalement, c’est également un film que l’on n’attend pas vraiment (sauf si l’on est un fan hardcore des artistes précédemment cités), Mel Gibson étant passé maître dans l’art de faire parler de lui en défrayant la chronique. La sélection du film au dernier festival de Cannes (hors compétition) a donc été une bonne nouvelle, laissant pointer la possibilité que ce « Complexe du castor » puisse dépasser les frasques et déclarations douteuses de Gibson, et présenter un réel intérêt.

Après « Un Week-end en famille » (1995) et « Le Petit homme » (1991), Jodie Foster s’attaque une fois de plus au cercle familial, en y plaçant cette fois-ci un élément perturbateur en la personne d’une marionnette de castor. Celle-ci fait office de détonateur venant révolutionner la vie de ce petit monde en pleine crise de la cinquantaine, recherche identitaire, tentative de sauvetage de la cellule familiale… Faites votre choix, il y en a pour tout le monde ! C’est à travers la dépression du père de famille, Walter (un Mel Gibson comme on n’en a pas vu depuis au moins 20 ans), que le castor va rentrer dans la famille. Avec cette marionnette, Walter va pouvoir à nouveau faire entendre sa voix auprès de sa famille ou de son travail, deux microcosmes qui ont besoin de lui pour continuer de vivre, exister et ne pas s’auto désintégrer. Ce castor est donc la pièce manquante, le placebo (le castor est à Walter ce que la plume magique est à Dumbo l’éléphant) aux deux crises que traverse Walter et qui touchent tout son entourage. Un peu à la façon d’un réalisateur qui dirige ses acteurs, cette marionnette de castor va réapprendre aux acteurs de la vie de Walter quels sont leurs rôles… jusqu’à les empêcher d’avancer en roue libre. C’est là toute la force du film de Jodie Foster : montrer les limites de cette aide, de cette influence et forcer les personnages à cohabiter entre eux, comme le témoigne cette opposition, entre les scènes succédant l’arrivée du castor dans la famille (Walter y est accueilli tel un Roi revenant d’un long périple) et celle où ce castor commence à être envahissant (Walter est de retour à la case départ).

Le sujet des crises familiales a été abordé des centaines de fois au cinéma, mais la fraicheur et l’ingéniosité de la réalisation de Jodie Foster fait toute la différence. Filmer une marionnette n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît, il faut maintenir l’attention du public, insuffler une dose d’originalité. Par ailleurs, le traitement des personnages secondaires est remarquable. Anton Yelchin (« Star Trek », « Terminator Renaissance ») est saisissant de sincérité dans ce rôle du fils désirant ne plus ressembler à son père. La relation qu’il essaie de créer avec la plus jolie fille du lycée, interprétée par la sublime et talentueuse Jennifer Lawrence (« Winter’s bone » « X-Men : Le commencement ») est touchante et juste, renvoyant à celle que vivent Walter et sa femme Meredith (Jodie Foster). Mel Gibson pourrait concourir aux différents prix d’interprétations cette année, tant il s’investit et insuffle la vie à cette marionnette… et quelle marionnette ! Car ce castor est décidemment la star du film ! Tantôt espiègle, tantôt moralisateur, drôle ou inquiétant, il n’est pas juste bon à donner un titre au film, mais à le sublimer.

« Le complexe du castor » est donc une belle fable familiale qui, en plus d’amuser (on y rit beaucoup), délivre un jolie message d’espoir : il faut toujours se battre, ne jamais abandonner (à l’image de Meredith et sa famille, son couple), car le résultat en vaut vraiment la peine.

François ReyEnvoyer un message au rédacteur

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