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NE NOUS JUGEZ PAS

Un film de Jorge Michel Grau

Repas de famille mélangeant les menus

Mexico, un vieil homme meurt en pleine rue, laissant une famille entière sans ressources. Maintenant que le père de famille est mort, des questions se posent. Qui va prendre la relève et ramener la nourriture ? Le fil ainé parait tout désigné. Mais une chose le dérange profondément dans la manière dont ses pairs se nourrissent...

Sortie en DVD le 03 septembre 2014

Bien qu'il s'agisse d'une histoire de cannibales, "Ne nous jugez pas" est un film qui ne ressemble qu'à lui-même. Jorge Michel Grau est parti d'un scénario écrit par un ami, qui contait la vie d'une famille se nourrissant d'êtres humains dans un monde post-apocalyptique, pour le transposer dans les quartiers pauvres de Mexico. De ce fait, Grau échappe au déversement de scènes de dégustation de chair humaine, pour offrir un aspect plus social à son long-métrage. Ici, le cannibalisme est une nécessité et non un plaisir sadique.

Le film débute donc comme un drame à portée sociale. Un vieil homme meurt devant un centre commercial en plein centre ville sans que personne ne daigne y porter attention. Une famille en deuil se retrouve alors au bord de l'implosion, avec un mystérieux secret qui semble résider en une pratique peu orthodoxe de la cuisine… La photo est sombre et crasseuse. Le mexicain ne filme sa ville quasiment que de nuit, dépeuplée, comme si une peste avait décimé la majeure partie de la population. Vient ensuite la violence froide du premier enlèvement, dans une atmosphère de compétition qui déterminera qui est le plus à même de prendre soin de la famille.

Mais "Ne nous jugez pas" n'en reste pas là. Grau s'amuse à mélanger les genres et enchaîne sur des revirements inattendus de tons, tellement la pesante première demi-heure était efficace. Il bascule d'un coup, d'un seul, du drame vers une comédie burlesque, en filmant la maladresse de ces apprentis bouchers. Savamment ridicules, ces scènes amènent une dernière partie qui fonce tête baissée dans un gore rocambolesque qui rappelle les films de De La Iglesia. Celles-ci auraient pu être savoureuses si le réalisateur ne s'était pas perdu dans son récit en nous délivrant une fin plus qu'alambiquée, flirtant avec l'excès et le mauvais goût. Néanmoins, l'expérience est là, et il est toujours délicieux de voir un film qui renouvelle les genres !

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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