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SYMBOL

Un film de Matsumoto Hitoshi

L'antre de la folie comique

Un homme se réveille dans une pièce mystérieusement vide sans savoir pourquoi. La clé se trouve-t-elle dans ces pénis de chérubins se trouvant sur les murs ? Pendant ce temps, au Mexique, Escargot-Man s’apprête à disputer un nouveau combat de catch sous le regard admiratif de son fils.

Sortie en DVD le 10 décembre 2012

Non, promis, l’écriture de ce pitch ne s’est pas faite sous l’influence d’une substance illicite, du moins pas pour ma part, en ce qui concerne le scénariste, là on peut se poser des questions. « Symbol » est ce que l’on peut tout simplement appeler un ovni cinématographique comme on en voit très rarement. Mêlant deux histoires pendant la plus grande partie du métrage, Matsumoto Hotoshi cherche clairement à brouiller les pistes et à nous faire poser une tonne de questions : pourquoi cet homme est il enfermé là ? Qui est ce mystérieux catcheur mexicain (Auxquelles peuvent succéder : Qu’est ce que je fais ici ? si vous décrocher du film) ? Mais tout ceci a un sens, rassurez-vous.

Des deux histoires croisées, celle du catcheur est la moins intéressante. Remplie de clichés énormes (la bonne sœur qui fume et qui jure), on en finit même par regretter de ne pas rester plus longtemps sur les séquences surréalistes de l’homme dans sa pièce vide (nous y reviendrons), à chaque fois que ce catcheur et sa famille sont à l’écran. L’intérêt de ces scènes est avant tout de créer une ellipse pour laisser un peu de répit au héros -et au spectateur. Plus « l’histoire » avance, et plus on regrette ces voyages au Mexique. Car tout ce qui fait le charme et la folie de « Symbol », résolument, est le côté ultra barré de l’histoire de cet homme enfermé dans une pièce mystérieuse.

Matsumoto Hitoshi s’est vraiment lâché. Sorte de « Cube » sans le côté mortel de la chose, cette pièce blanche n’en demeure pas moins mystérieuse. Elle va vite devenir hilarante. Des pénis de chérubins (oui il y a une symbolique christique dans toute cette histoire) se mettent à apparaître de façon aléatoire sur les quatre murs. En exerçant une pression sur ces excroissances, en plus de faire un bruit ridicule (mais drôle au début), un objet apparaît : un vase, des sushis, un transat…. Non, vous ne rêvez pas. Tout cela à un sens et chaque objet est une clé vers le cheminement qui mènera à la sortie…ou plutôt à la deuxième pièce, comme une sorte d’évolution…vers la deuxième partie du film.

Découpé en deux actes, c’est dans cette deuxième partie que tout (même l’histoire du catcheur) prend un sens. C’est à ce moment-là que le réalisateur prend également des risques. En expliquant l’inexplicable, on risque fort de se planter et de perdre le spectateur. C’est la plus grande faiblesse du film. Après plus d’une heure de rires (car oui, le film est parfois hilarant tellement son héros est ridiculement bête, mais attachant), il faut adhérer à une explication philosophico-christique à la « 2001 », pour savoir ce que faisait cet homme dans cette pièce (et par extension, ce catcheur sur l’écran). Alors que la réalisation ne manquait pas d’idées ingénieuses dans sa partie « cubique » (avec notamment des passages très comic-book pour représenter le mode de raisonnement du héros), le fin tombe un peu à plat et finit par diviser les spectateurs, entre « Génial, mais je m’y attendais » et « Ah, tout ça pour ça ».

François ReyEnvoyer un message au rédacteur

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