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LASCARS

Plein la gueule !

Condé-sur-Ginette, en bordure de Villetamère. Un été caniculaire, asphyxiant, qui va voir se débattre une multitude de destins contrariés : pas de vacances pour les vrais gars !

Projet en tous points atypique, "Lascars" débarque sur nos écrans après avoir conquis le festival de Cannes, où il était présenté à la Semaine de la Critique. Une reconnaissance méritée pour un Objet Filmique Totalement Pas Identifié !

Basé sur une série culte de soixante épisodes d'une minute chacun, croquant en vignettes marrantes les travers des habitants de la Téci, "Lascars" ambitionne dès son générique, graffé sur les murs des HLM, de se poser comme une alternative originale, et bien française, au cinéma d'animation habituel.

Partant d'une intrigue digne de "La Haine" de Kassovitz, les auteurs du film s'orientent rapidement vers une multitude d'histoires parallèles, de manière à brosser une gallerie de portraits azimutés : de José Frelate et Tony Merguez, les deux lascars en titre, au producteur de X John Boolman, en passant par le caïd sanguinaire Zoran (un gros dur en mal d'amour), la tigresse Manuella ou la pin-up Clémence, tous parviennent à vivre bien au-delà du cadre du film, donnant à voir, au-delà des stéréotypes de rigueur dans ce genre de « farce », de vrais protagonistes de cinéma.

Une ambition narrative relayée par une animation à nulle autre pareille, mêlant la 2D, la 3D et la prise de vue réelle dans un maelström à l'énergie grisante. C'est bien simple : du début à la fin, aucun temps mort ne vient accorder de répit au spectateur, embarqué dans une délire visuel des plus frappadingues, plein jusqu'à ras bord de détails hilarants (l'opérateur téléphonique Jaune, le juge Santiépi - sans pitié en verlan), de scènes d'actions homériques (une course poursuite d'anthologie entre la furieuse Manuella et le pauvre Tony), de dialogues énaurmes ("-Ecoute, écoute... -Quoi? -Ecoute... C'est mieux quand tu fermes ta gueule !") et de situations déjantées à souhait.

Venant de la boîte qui nous aura offert les étonnants "Renaissance" et "Piccolo, Saxo & Cie", on n'en attendait pas moins ! Et c'est avec un plaisir total que l'on savoure les joutes verbales d'un casting parfait (à tel point que l'on a parfois l'impression de regarder un film live !), entièrement au service d'un projet d'animation à l'ambition folle, de ceux qu’il faut avoir vu plusieurs fois pour bien en saisir tous les délires !

Se clôturant sur une chanson déjà culte (je vous laisse la découvrir par vous-même...), "Lascars" arrive à point nommé pour donner un sacré coup de pied dans la fourmilière parfois étouffante du cinéma français, et oser gueuler avec férocité et humour qu'ici aussi, on peut faire du cinéma d'animation de qualité. Le message est passé, reste à savoir s'il sera suivi...

Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur

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