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HARVEY MILK

Un film de Gus Van Sant

Sean Penn au sommet

Dans la seconde moitié des années 70, Harvey Milk devint l’un des activistes gays de San Francisco les plus connus, allant jusqu’à se présenter à diverses élections, dont celles pour la mairie…

Ca n'est pas la première fois que Gus Van Sant aborde le thème de l'homosexualité. Après « Mala noche » et surtout « My own private Idaho », il dévoile cette fois-ci une oeuvre retraçant un combat politique qui coûtera la vie à son protagoniste principal. En effet, dès les premières images, on sait que Milk sera assassiné, et l'auteur construit ainsi son film en flash-back basés sur l'enregistrement vocal de ses dernières volontés par l'homme lui-même. Il immortalise ainsi les amours et la bataille d'Harvey Milk, homo d'une quarantaine d'années, installé à San francisco et tête de liste dans des courses aux élections qui finiront par lui coûteront son couple et sa vie.

Mais Gus Van Sant, s'il désamorce d'emblée le suspens, s'intéresse plus à l'époque, à l'homme et aux personnages qui l'entourent, qu'à la construction d'un suspense politique ou psychologique. En faisant le choix du mélange avec de véritables images d'archives, et des renconstitutions tournées à la « manière d'image de l'époque », il montre à quel point sa vision de cette période est juste et s'avère malheureusement d'éctualité quant aux rejets haineux de minororités basés sur de prétendus principes religieux. En choisissant des envolées musicales bardées de gros plans et de frolements des corps, il donne toute la magie surréaliste qu'il faut pour transcrire l'amour et la complicité. Et il réussit finalement, malgré les échecs racontés, les humiliations répétées, les compromissions forcées, à faire passer le message de Milk lui-même: « apporter de l'espoir », à des gens à qui on a fait croire qu'ils étaient malades, qu'ils n'avaient rien à faire dans ce monde.

Pour cela, il est efficacement servi par Sean Penn, dont l'évolution de l'assurance impresionne au fil du récit, passant d'un malin guignol à un sérieux polititien. Mais aussi par James Franco, surprenant dans un rôle de charmeur discret, amoureux épuisé par toutes les intrusions de la vie publique dans leur vie privée. Ou encore par celui qui incarne l'adversaire politique, Ed White, personnage ambigu, interprété dans le malaise par Josh Broslin (« No country for old men », « W. L'improbable président »). Avant que le générique de fin ne nous présente les vrais protagonistes, histoire de dévester un peu plus le spectateur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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