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SHINE A LIGHT

Un film de Martin Scorsese

Un groupe de légende, un réalisateur de prestige, entrée dans l’univers pas si privé des Rolling Stones

De la préparation à la performance, entrecoupé d’images backstage et d’archives, 16 caméras et les plus grands chefs opérateurs internationaux captent l’énergie légendaire de Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts et Ronnie Wood lors de leurs concerts au Beacon Theatre à New York…

Il n’y a pas que le petit monde de la mode qui s’intéresse de près au rock’n’roll, depuis quelques mois le cinéma aussi. En vrac, nous pouvons citer Control, I’m not there, U2 3D, Berlin…, qui tentaient de repeindre à leur manière la vie des rockers. Aujourd’hui c’est au tour de Martin Scorsese de s’essayer à cet exercice de style périlleux.

Quel angle choisir : La biographie originale du groupe ? Une fiction sur la vie hypothétique d’un des membres ? La réponse apportée par Scorsese : filmer un concert ! Jusque là rien d’original dans l’approche, mais on attend d’un réalisateur de ce nom d’excellentes idées de scénario et d’angles de vue pour nous transporter dans l’univers fantastique des stones. Et pourtant…

Pourtant il a mis le paquet. Techniquement, Scorsese a déployé la grosse artillerie : 16 caméras, projecteurs à gogo (qui ont d’ailleurs failli cramer les fesses de Mick Jagger) et des chefs opérateurs de renom. De quoi capter l’essence du groupe en action… et pourtant on s’ennuie au bout d’une demi heure de film sur les 2 longues heures que nous inflige le maître. Et malgré l’énergie déployée par nos 4 protagonistes et leurs invités (Jack White et Christina Aguilera), malgré une narration ponctuée d’interviews-flash back sur certains événements de la vie du groupe (emprisonnement, prise de position politique et religieuse…), fortement nécessaires pour ne pas mourir d’ennui,… malgré tout cela... on attend la fin avec une impatience non dissimulée.

Pourtant ils en jettent les soient disant papis du rock’n’roll. Ils ont toujours la même énergie incroyable, la complicité sur scène comme à la ville, le talent de musiciens qui n’ont plus rien à prouver, mais qui continueront jusqu’à la fin…

Péniblement, Martin Scorsese apparaît au début et à la fin du film pour justifier chacun de ses choix de mise en scène, tel un grand chef d’orchestre, ouvrant et fermant un chapitre de l’histoire des Stones. Il aime à se lancer dans des explications de son propos artistique, la manière dont il a choisi de filmer ce concert, le tout en arborant fièrement ses Rayban, follement tendance cet été… Mais son attitude de crooner à la Dick Rivers mêlé de maladresse à la Woody Allen le décrédibilise complètement. Il apparaît comme un colonialiste, n’ayant pas besoin de prendre la peine d’écouter les stars qu’il filmera. Apparemment, les Rolling Stones ne méritent que les assistants du maître, et non le maître de cérémonie en personne. Qui a dit que seuls les britanniques avaient l’exclusivité du snobisme ? Vraisemblablement les américains ne sont pas en reste.

Bref, « Shine a light » sous ses prétextes charitables de concert caritatif (qui sert une noble cause dont ont bien l’air de se foutre les Stones) est une vague copie d’un bon Taratata. On voit des mains se lever (des appareils photos et des portables aussi, bien entendu), on voit les caméras dans le public qui empêchent les spectateurs de bouger (ils ont dû être content de payer le prix fort pour ce concert !), Nagui est remplacé par Clinton (était ce bien nécessaire ?)…

Finalement, « Shine a light » est un joli concert, dont aurait pu tout a fait se passer le cinéma américain, où seule l’énergie des Rolling Stones, que rien n’arrêtera, sera à retenir.

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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