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LUST, CAUTION

Un film de Ang Lee

Elégant mais déjà vu

Shanghaï, 1942, en pleine occupation japonaise, une jeune résistante se voit chargée par sa bande de séduire le chef de la police chinoise. Mais leur relation, basée sur la douleur et la méfiance, pourrait bien impliquer quand même quelques sentiments...

Après avoir remporté le Lion d'or il y a deux ans avec « Brokeback Mountain », Ang Lee est retourné en Chine réaliser son nouveau et à une nouvelle fois remporté le Lion d'or du Festival de Venise en 2007. Pourtant, son nouveau film déçoit et ne provoque que bien peu d'émotions. Du contexte historique, Ang Lee s'éloigne très rapidement, pour s'intéresser, comme à son habitude à l'intime. Si les scènes de sexe, entre douleur et plaisir, son plutôt réussies, à aucun moment on ne croit cependant à cet histoire d'un amour passionnel naissant. D'autant que le réalisateur prend son temps, installant son long flash back sur près de 2h35, durée autant injustifiée qu'étirant en longueur un scénario qui sent le déjà vu. On pense ainsi forcément à l'excellent film de Verhoeven (« black Book »), présenté également à Venise, et qui traitait de la liaison ami-ennemi d'une juive avec un commandant nazi.

Côté interprétation, la jeune Tang Wei ne respire pas toujours le calcul ou la spontanéité feinte que son personnage demande. Et au final, seul Tony Leung s'en sort plutôt bien, dans un rôle plus sombre qu'à l'habitude, en suspicieux manipulateur dont la carapace pourrait ne pas être si épaisse. Malheureusement, le manque de souffle du récit n'est pas compensé par la beauté incontestable de la photographie (signée Rodrigo Prieto), ou de la musique, qui font pencher le film du côté d'un certain Wong Kar Waï, la chaleur du style contemplatif en moins. Finalement, « Lust Caution » figurera parmi les plus mauvais films (avec « Chevauchée avec le diable ») d'un réalisateur pourtant prolifique en chefs d'oeuvre (« Salé sucré », « garçon d'honneur », « Tigre et dragon »). On attend donc le suivant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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