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BOULEVARD DE LA MORT

Un film de Quentin Tarantino
 

POUR : La mort est au bout du chemin

C’est à la tombée du jour que Jungle Julia, la DJ la plus sexy d’Austin, peut enfin se détendre avec ses meilleures copines, Shanna et Arlene. Ce trio infernal, qui vit la nuit, attire les regards dans tous les bars et dancings du Texas. Mais l’attention dont ces trois jeunes femmes sont l’objet n’est pas forcément innocente…

Tarantino n’est plus à présenter. "Boulevard de la mort" est son cinquième long-métrage. Après les succès de "Reservoir Dogs" (1992), "Pulp Fiction" (1994) ou "Kill Bill vol. 1" & "2" (2003 et 2004), le plus foufou des réalisateurs américains rend hommage au cinéma des années 70. Ici, l’univers est kitsch et décalé. Le scénario tourne autour de jolies jeunes filles extraverties et insouciantes qui veulent prendre du bon temps.

D’un point de vue technique, on reconnaît la patte du maître. Il présente volontairement de faux raccords entre certaines séquences. De plus, la scène de l’accident est vue de différentes manières. Les longues séquences typiques du genre tarantinesque sont bien présentes. Chez Tarantino, on passe de la couleur au noir et blanc en un claquement de doigts.

"Boulevard de la mort" est une sorte de road movie à la texane où se mêlent grosses cylindrées, tueur charismatique et jeunes femmes libérées qui parlent ouvertement de drogues, de mecs et de musique. Plusieurs groupes de jeunes femmes se succèdent dans la traque de Mike le cascadeur. Les dialogues sont cash, sans retenue. Certaines expressions répétitives des filles sont décomplexées : « Un mec, il faut le tenir par les couilles !».

Malgré des tenues légères et estivales, l’image de la femme n’est pas abîmée puisque les filles s’en sortent plutôt bien. Si le premier groupe succombe à l’attaque du psychopathe, l’autre girls band se défend, effleure la mort et en veut encore ! On note quelques références cinématographiques, notamment à "Kill Bill" par la sonnerie de téléphone tirée de la BO. La musique quant à elle déborde d’énergie. La séquence finale est intense. En effet, une cascadeuse devient la cible du fou du volant. En deux rounds, les filles passent de victimes à héroïnes. Elles en ont dans le pantalon ! Nous aussi on en redemande !

Chloé HugonnencEnvoyer un message au rédacteur

Le projet initial de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez était de réaliser un seul programme de deux films d'une durée d'une heure vingt chacun, séparés par de fausses bandes annonces de films d'horreur ou de genre. À classer résolument dans les séries Z, "Planète Terreur" et "Boulevard de la mort" promettaient d'être l'un des événements de l'année cinématographique 2007. Mais suite à l'échec partiel du projet outre atlantique (l'ensemble faisant tout de même près de 2h40), les frères Weinstein, producteurs, décidèrent de découper l’œuvre en deux, redonnant à chaque morceau son indépendance et sa sortie en salle propre.

Malheureusement si l'ensemble du programme avait un sens, culminant, après les films annonces, avec le Tarantino, le seul film en lui même n'a que peu d'intérêt. Rallongé de près de 37 minutes pour sa présentation à Cannes et sa sortie en Europe, "Boulevard de la mort", si l'on apprécie la touche « Tarantino » pour les dialogues très crus et très cul, amuse durant sa première partie par le kitsch de son traitement visuel et le comportement glandeur et insouciant de ses protagonistes pourtant menacés par la présence venimeuse de Stuntman Mike (cascadeur Mike), accoudé au bar. Articulé autour d'une scène de tuerie en voiture, il comporte une seconde partie incompréhensible, qu'on a bien du mal à situer dans le temps (j'entends avant ou après la première), sous forme de poursuite en voiture haletante mais stérile.

Certes, l'on s'amusera de quelques clins d’œil aux productions des années 70 et à ces fameuses séances de minuit qui défrayaient la chronique. Ainsi le malencontreux prétendu oubli d'une bobine pour éviter la scène de danse érotique est assez savoureux, tout comme le travail sur le vieillissement artificiel de la pellicule, savamment rayée. Saluons enfin la bande annonce signée Eli Roth ("Hostel" et bientôt "Hostel 2") qui présente un slasher hilarant bien farci intitulé "Thanksgiving". Du coup, on remarque moins le style brillant de Tarantino, qui à force de vouloir simplement s'amuser, déçoit cette fois-ci cruellement.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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