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THE BUBBLE

Quand même l'amour ne peut sortir personne de l'impasse

De retour d'une astreinte d'un mois aux check-points, où il a assisté, sans pouvoir rien faire à la mort d'un enfant lors de l'accouchement d'une palestinienne, un jeune homosexuel israélien s'amourache d'un arabe venu lui rendre ses papiers à Tel Aviv...

Si le nouveau film de l'auteur du bouleversant 'Tu marcheras sur l'eau' est à la fois une honnête déclaration d'amour à une ville, Tel Aviv, et une déclaration de haine à la guerre, à la division du pays, il n'en reste pas moins une chronique assez classique sur le quotidien des juifs et palestiniens, et leurs impossibles relations. On reste donc un peu sur notre faim, d'autant que le réalisateur nous avait habitué à plus de subtilité. Non sans humour, son film, qui traite aussi du quotidien de trois colocataires (deux amis homos et une femme), ne nous épargne pas quelques clichés très gays, à base de déguisements en femmes ou de blagues référencées culture Queer.

Servi par quelques acteurs impeccables, vus notament dans 'Yossi et Jagger' du même réalisateur, 'The bubble' n'est autre q'une petite chronique joliement construite autour d'un amour rendu impossible par une situation politique et les agissements irraisonnés des autres. On s'y délectera de l'apparition surprise de Lior Ashkenasy (acteur principal de 'Tu marcheras sur l'eau') dans son propre rôle de star de cinéma. Si l'optimisme semble un moment de mise, on s'interrogera alors sur l'utilité dramatique de certaines scènes, Eytan Fox usant cette fois-ci des contrastes entre moments de bonheurs et humiliations ou frustrations de manière trop appuyée pour provoquer une réelle émotion. Ceci y compris dans la scène finale, dont la puissance dramatique était pourtant aquise d'avance.

Heureusement, en quelques flash-backs aux images à gros grain, il donne à voir les récits que chacun des personnages fait des épisodes les plus douloureux de son passé. Et ce sont là les moments les plus touchants du film: l'humiliation de la mère du juif, qui voulait réconcilier les enfants arabes et juifs du quartier, la destruction de la maison dans laquelle le père du palestinien avait tant investi, fait qui provoqua le départ de sa famille de Jerusalem... Mais ces seuls moments ne réussissent pas à rendre totalement crédibles les portraits de ces jeunes idéalistes, ni à faire de ce film un véritable étendar, autre que communautaire. Dans toutes ces scènes, l'injustice et l'incapacité à agir se ressentent fortement. Et c'est de cela que traite le film, de l'impossibilité de faire avancer les choses, malgré tout amour aussi transfrontalier qu'il soit.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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