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LA MAISON DE SABLE

Complainte, contemplation... et compliments!

Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, trois générations de femmes apprennent à vivre dans le désert du Maranhão, dans le nord du Brésil...

Cette production Walter Salles s'attache à sublimer par la contemplation le destin de trois femmes contraintes à vivre et survivre dans un univers hostile. Entre rejet et résignation, ces humbes héroïnes font résonner leurs âmes sur un sable infini. L'image s'attarde à souligner les détails de leurs conditions difficiles comme l'espace vertigineux qui les retient prisonnières. Le son omniprésent du vent parvient à étouffer le spectateur pour lui insufler une soif permanente. Au-delà du vent, le silence est pesant mais appréciable, comme s'il nous murmurait les sentiments des personnages. Rien ne vient perturber le style à la fois travaillé et simple du film. Pas même le choix, de prime abord perturbant, de faire jouer plusieurs personnages par les mêmes actrices. Un tel parti pris permet d'ailleurs de souligner de façon plus radicale encore le poids uniformisant du temps et du désert.

De manière sous-jacente, Andrucha Waddington dresse aussi un intéressant panorama historique et social, en prenant notamment appui sur trois hommes: Vasco de Sa, le mari d'Aurea (dont la mort subite plonge les personnages dans cette solitude), symbole de cette question agraire qui tourmente depuis longtemps le Brésil; Massu, le fils d'esclave, sauvage et généreux à la fois; Luiz, le militaire qui apporte apparemment l'espoir et la modernité. La richesse humaine qui découle de tous ces rapports humains est d'autant plus forte qu'elle remplit subtilement l'espace-temps.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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