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A CINQ HEURES DE L'APRES MIDI

Un film de Samira Makhmalbaf

L'illusion d'une condition de la femme en Afghanistan libre

Une jeune femme sèche volontairement l'école coranique, se rendant à l'école, devenue plus libre depuis l'éviction des Taliban. Devant les autres jeunes femmes, elle affiche son désir, pour l'avenir, de devenir, non pas ingénieur, maîtresse d'école, mais Présidente de la république…

Si l'emprise des Talibans est tombée avec l'arrivée des américains au lendemain des attentats du 11 septembre, Samira Makhmalbaf s'attache ici à montrer que le mépris envers les femmes est encore bien présent, lié à des préceptes ancrés en la société afghane elle même. Son héroïne doit se cacher pour aller à son école de filles, elle doit faire en sorte que son père l'ignore, car " une fille ne doit pas être éduquée ". Mais elle est avant tout féminine, aime à montrer son visage et mettre de belles chaussures.

Samira Makhmalbaf met en évidence les réactions des hommes face à cette femme en partie émancipée, qui parle librement de sa volonté d'ouverture du pays, mais qui se fait agresser par quelques hommes lorsque ses pieds dépassent sous sa robe, ou lorsqu'elle se permet de se faire tirer le portrait. Son intérêt pour la politique, tel un objet idyllique et ardemment désiré, donc presque décalé pour nous occidentaux, la pousse à questionner les hommes, qui refusent de lui répondre, puis les soldats de l'ONU, qui eux, parlent. La scène où elle échange avec un jeune français est un délice, un brin trop long, puisqu'elle se fait expliquer, que les français ont voté pour Chirac, " parce qu'ils n'aimaient pas son concurrent ".

Son film parle autant de la souffrance des femmes que des conséquences de la guerre, pour des milliers de familles sans toit, comme les d'immigrants de retour du Pakistan, obligeant ici son héroïne, généreuse et accueillante citoyenne, à fuir sa propre maison. L'esthétisme revendiqué, à l'image de certains films de son père, est ici parfaitement à propos, comme dans ce magnifique tableau, où les écolières, toutes vêtues de blanc, avec un foulard noire, montrent toute leur indécision quant à leur liberté en apparence retrouvée, en se levant et s'asseyant de manière désordonnée, faisant ainsi passer l'assemblée pour une sorte de basse court où apparaît discrètement l'héroïne, vêtue d'une couleur légèrement différente.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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