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THE VISITOR

Un film de Thomas McCarthy

Une histoire bouleversante qui touche en plein cœur

Quand Walter Vale, un sexagénaire veuf, s’en retourne dans son ancien appartement de New-York pour assister à une convention, il y trouve installés depuis plusieurs mois des étrangers, un jeune couple, qu’il ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Elle est Sénégalaise, lui Syrien. Ils n’ont pas de papiers et nulle part où aller. Walter va les prendre un peu sous son aile, découvrant la vie de ces gens à part et découvrant un système éhonté qui les chasse et les traite comme des moins que rien…

« The visitor » est le Grand Prix du Jury du festival de Deauville 2008. C’était aussi le meilleur film de la sélection officielle et c’est certainement l’un des plus beaux films de cette année. « The visitor » c’est une histoire bouleversante qui dépasse les frontières des Etats-Unis d’Amérique. C’est un film d’une humanité et d’une générosité qui touchent en plein cœur.

Son réalisateur et scénariste, Tom McCarthy, s’était déjà illustré il y a quelques années avec « The station agent ». Avec « The visitor », il confirme qu’il est un réalisateur qui compte dans le circuit des indépendants. De ces deux longs-métrages on pourrait révéler une thématique qui semble importante pour McCarthy : le droit à la différence et la solidarité entre tous.

Après son premier long-métrage, où il mettait en scène les préjugés et les regards portés sur un homme de petite taille dans un village reculé des Etats-Unis, il observe aujourd’hui le traitement opéré sur les sans-papiers immigrés au pays de « l’american dream ». Et dans un contexte post 11-septembre, ces hommes et ces femmes qui essaient de se composer une vie comme les autres, sont arrêtés et placés dans des centres de détention, où ils vivent dans des conditions inhumaines ; des familles sont séparées, déchirées et certains membres sont renvoyés dans leur pays d’origine sans un mot à leurs parents, femme ou enfants nés sur le sol américain.

McCarthy compose ainsi un film romancé, mais aussi politique, et dénonce, à cet égard, un système judiciaire et policier immoral et impropre pour une nation comme les Etats-Unis. Un système qui fait grandement écho à une politique d’immigration française focalisée sur une chasse aux sans-papiers et une recherche de l'efficacité dans les quotas d’expulsions.

Dans ce contexte dur, injuste, clos, très bien rendu par McCarthy, quatre personnages forts évoluent. Le couple de sans-papiers, Zineb et Tarek, sont formidables de charisme, d’ouverture d’esprit et d’humanité. Le deuxième couple, plus suggéré, formé par Hiam Abbass (la mère de Tarek) et Richard Jenkins (le veuf sexagénaire, vu dans "Six feet under" et enfin dans un premier grand rôle à la mesure de son talent) est brillant de tolérance, de respect et d’envie d’apprendre sur l’autre.

Le film bouillonne de ces valeurs universelles qui devraient être inculquées aux plus jeunes dès la scolarité. A ce titre, « The visitor » devrait être montré à des classes de collège et des professeurs devraient le proposer à l’étude !

Entre son approche socio-politique juste et son regard contemporain sur le racisme et la xénophobie (y a-t-il un ressentiment de la population noire sur les immigrés ?), entre ses duos d’acteurs intenses (les quatre principaux comédiens sont extraordinaires) et sa vision de la musique comme moyen de communication qui brise toutes les barrières, McCarthy livre un manifeste à la fois inquiétant et plein d’espoir qui marque du début à la fin. En un mot, un film « habibi », à ne pas rater…

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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