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Festival Lumière 2025 : retour sur la rencontre avec Rebecca Zlotowski

16 octobre 2025
Festival Lumière 2025 : rencontre avec Rebecca Zlotowski
© Rebecca Zlotowski at NYFF 2025 © Claire Fridkin aka Veggiegalaxy - Creative Commons - Attribution-Share Alike 4.0 International

Rencontre avec Rebecca Zlotowski autour de sa cinéphilie

Mardi 14 octobre 14h30. Rebecca Zlotowski s'installe, toute guillerette, aux côtés de Maelle Arnaud (programmatrice de l’institut Lumière et co-fondatrice du festival), un sourire espiègle aux lèvres et l’œil qui pétille, impatiente de nous partager une liste de ses films préférés, mais aussi, semble t-il, de voir nos réactions quand elle nous dévoilera les scènes qui sont restées gravées dans sa tête pour toujours, celles dont elle s'est inspirée dans son cinéma et celles qu'elle a aimé avant de comprendre pourquoi.

Des films de chevet

Pour elle, nous dit-elle d'emblée, dévoiler ses films de chevet est quasiment « aussi intime que de se voir nu ». Zlotowski regarde la salle de ses yeux rieurs avant de poursuivre sur sa difficulté à clore cette liste, sur laquelle elle avait noté plus de 50 films. Aujourd'hui on en verra que huit extraits, car Zlotowski aime parler, bien sûr, mais surtout, elle aime parler de cinéma. Et c'est communicatif. La dame assise à mes côtés répond et commente chacune de ses interventions comme si elles entretenaient une conversation à deux et, bien qu'à dix mètres l'une de l'autre dans une salle remplie, qu'elles débattaient ensemble de chacun des films cités par la cinéaste.

Grimault, Malle, Dahl et les autres…

On commence par un film de l'enfance avec le visionnage de la scène de l'ascenseur dans "Le roi et l'oiseau" de Paul Grimault, une ode à la liberté qu'on comprend à tout âge ; et puis on fait le grand écart pour voir « la première scène de cunnilingus de l'histoire du cinéma » filmée par Louis Malle dans "Les amants" avec Jeanne Moreau. « Une actrice que j'adule, bien qu'elle ait été si méchante avec moi quand je l'ai rencontrée, je la mettais tellement sur un piédestal que je pense que ça l'a agacé... » raconte Zlotowski amusée. S'ensuit une scène de drague très crue dans "Last seduction" de John Dahl avec Linda Fiorentino (mise sur le banc de touche par Hollywood car jugée trop « chiante » pour l'époque, en refusant de faire des scènes dénudées par exemple), et on passe au générique de début de "Paparazzi" de Jacques Rozier, un documentaire très mis en scène sur le tournage du "Mépris" de Jean-Luc Godard.

On reste ensuite dans la nouvelle vague avec "L'homme qui aimait les femmes" de François Truffaut et la scène où l'éditrice du héros discute du changement qui s'opère dans la drague actuelle, « Moi aussi je suis en train de changer » dit-il, « Bravo ! » rétorque t-elle. Zlotowski en profite pour nous confier qu'elle a « copié » la fin dans son film "Les enfants des autres", où quelqu'un retourne la couverture d'un livre écrit par le personnage principal. D'ailleurs, une des scènes de son film "Une fille facile" est elle aussi inspirée d'une des scènes du film d’Eric Rohmer qu'elle nous montre ensuite, "La collectionneuse", où l'actrice est morcelée par la caméra du réalisateur, sans vraiment être sexualisée.

Jodie Foster et le prologue de "Birth"

« Je vous ai dit que j'avais tournée avec Jodie Foster ? » nous demande Zlotowski pour la troisième fois en riant, « Je ne m'en remets toujours pas ! ». Toujours amusée, elle nous montre alors le générique du film "Foxes" d'Adrian Lyne que « Jodie déteste mais que moi j'adore », avant de conclure sur la scène du prologue de "Birth" de Jonathan Glazer devant laquelle la salle reste scotchée. « Quelle autorité dans la mise en scène... et la musique ! Ce film, il donne de l'espoir aux cinéastes, comme quoi on peut faire un film magnifique sans qu'il ait de succès. ». C'est sur ces sages paroles que se conclue cette rencontre passionnante avec Rebecca Zlotowski, une cinéaste décidément cinéphile.

Amande Dionne Envoyer un message au rédacteur
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