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Festival du Film d'animation - Annecy 2016 : Jour 3 - de Guillermo Del Toro au cradingue "Nerdland", une journée entre geeks et nerds

16 juin 2016

Entre une séance de minuit déglinguée, un test d'animation en réalité virtuelle, la Master class de Guillermo Del Toro, et une bande de gamin québecois recréant sa guerre la journée de mercredi fut résolument placée sous le signe des geeks.

Avant la première des quatre séances événements du festival, les spectateurs ont eu droit à la projection surprise du délirant court métrage « Cans without labels », dernier film de John Kricfalusi, alias John K (la série « Ren and Stimpy ») dans lequel un père essaye de faire deviner à ses deux fils ce qu'il y a dans des conserves sans étiquettes, avant de les forcer à manger ce qu'il y a dedans. Visages biscornus et mouvants, membres disproportionnés s'adaptant à l'état des personnages, les personnages se retrouvent dans une situation absurde qui mène forcément... au gore.

C'est donc « Nerdland » qui a eu droit cette année à la quasi séance de minuit, devant une grande salle de Bonlieu pleine à craquer. Ultraréférencé, cradingue, ce film sur le désir de réussite et la célébrité à tout prix, critique la télévision et les recettes abrutissantes, tout en se moquant gentiment des rituels rassurants qui font le quotidien des nerds. Les humiliations sont donc nombreuses pour les deux anti-héros, qui tentent de se faire une place dans le monde. Outre son scénario délirant, le film doit beaucoup à ses décors, l'existence des lieux passant par les détails qui tuent, d'une chaussette qui pend à un slip sale accroché au ventilateur !

Un fana d'animation, qui voit ce genre comme « la forme ultime de contrôle créatif » est venu donner cette année sa leçon de cinéma. Guillermo Del Toro, auteur de « L'échine du diable », « Le labyrinthe de Pan », assume son penchant pour ce type de productions et son rôle de conseiller chez Dreamworks (Jeffrey Ketzenberg est d'ailleurs venu le rejoindre sur scène un moment), avouant que même s'il n'a jamais fait de dessin animé, son « Pacific Rim » possède pratiquement 40mn d'animation en soi.

Conseillant aux jeunes professionnels ou aficionados présents de ne faire que les films qui ont « besoin d'eux pour exister », il indique avec humour qu' « on ne peut baiser sans avoir la trique ». S'engager sur un projet que l'on aime pas c'est se condamner à un an de travail sans motivation. Quant à sa collaboration avec Dreamworks, c'est Katzenberg qui la qualifie peut-être le mieux en indiquant que « c'est parfois intéressant d'inviter un grand taureau dans un magasin de porcelaine », une allusion à la capacité de l'auteur à couper dans les projets pour rendre la narration plus efficace.

Autre attraction en ce mercredi, pour ceux qui recherchent l'innovation technologique, avec la présentation du côté de l'espace dédié à l'animation virtuel, du court-métrage « Minotaur », voyage sensoriel en immersion intégrale. Nouvelle déclinaison du court métrage du même nom, initialement en 2D, après une version « dôme » qu'aurait pu accueillir la Géode, ce voyage hypnotique, à la fois sonore et plus ou moins géométrique ou organique, vous englobe totalement, donnant la sensation de flotter dans un univers aux repères réduits.

Si elle permet d'explorer de nombreux point de vues, en choisissant soi-même où regarder (on peut même voir les crédits à la fin du film s'éloigner derrière nous), le film n'est qu'une étape avant de pouvoir plonger le spectateur au milieu de personnages en interaction. Selon l'auteur, Munro Ferguson, l'expérience est donc un premier pas, s'écartant du jeu vidéo où l'on choisit sa voie. Un film en 4K, produit par l'ONF Canada, et qui aura nécessité 3 ans de travail dont 3 mois de production.

Terminons par un autre film canadien, où un petite geek s'amuse à instrumenter un château de neige et de glace, pour mieux donner un avantage à son équipe, dans la guerre fictive qui l'oppose à d'autres enfants de son village. Présenté en 3D dans certaines salles, « La guerre de Tuques » aborde gentiment les traumas liés à la disparition du père et les premières sensation amoureuses, mais vaut surtout par l'aspect enfantin et cruel de certains dialogue, ainsi qu'un personnage de petite soeur colérique et impitoyable assez amusant.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur