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Festival Deauville 2012 : Impressions 15 - "Les bêtes du sud sauvage" et "Compliance" en compétition

8 septembre 2012

Les bêtes du sud sauvage
COMPÉTITION

De survivre son cœur s’est arrêté ! Ainsi se résume la lutte sans limite d’un peuple banni de ses terres par la nature qui reprend ses droits sur la civilisation moderne. Hushpuppy n’a que quelques années et doit se débrouiller seule contre cet univers hostile. Livrée à elle même, elle doit faire sa propre éducation en écoutant les bruits du monde qui l’entoure. Elle s’invente un monde où sa mère absente serait avec elle bienveillante, car les adultes qui l’entourent ne sont guère là pour la rassurer. Son père ne montre aucune empathie pour elle afin de la forger à survivre dans le chaos et son institutrice de fortune crée contre son gré des démons préhistoriques, source de cauchemar récurrents.

La photographie est superbe et le récit, onirique, s’autorise des ellipses parfaitement maîtrisées. On ne peut être que captivé par cette fable tragique qui semble intemporelle et pourtant si contemporaine. Un seul bémol à cette œuvre sans conteste admirable, la dureté paternel qui parfois dérange plus qu’elle ne séduit par sa sincérité. Déjà grandement primé à Sundance et à « Un certain regard », « Les bêtes du sud sauvage » s’impose d’ores et déjà comme le grand favori de la compétition. On peut regretter néanmoins sa sélection en tant que tel, vu ses récompenses passées. Peut être aurait-il suffit d’une présentation en tant qu’avant-première pour laisser aux autres films, inédits, une chance de recevoir le titre.

> Lire la critique du film par Alexandre Romanazzi.

Compliance
COMPÉTITION

« Compliance « fait partie de ses films qui, malgré leur qualité, ont un sujet tellement dérangeant qu’on a du mal à les aimer. Inspiré de nombreux faits réels survenus aux USA, Craig Zobel retrace en temps réel et sans artifices un drame survenu dans un fastfood de l’Ohio. Sandra, gérante du restaurant reçoit un appel de la police concernant un vol commis par une de ses employées Becky. Appliquée, la responsable obéit aux moindre demande du policier, au point de commettre le pire. « Compliance » (conformité en français) réveille les vieux démons de la nature humaine, ou comment tout un chacun peut être amené aux pires actions sous couvert d’autorité.

Ce film n’est pas sans rappeler la scène mémorable de « I comme Icare » qui démontre grâce à l’expérience de Milgram qu’une personne peut affliger à une autre, une décharge électrique de plus en plus forte si cette dernière ne répond pas correctement à une question de mémorisation. Une expérience qui prouve avec horreur que la conscience s’efface face à l’obéissance.

Le film est d’autant plus dérangeant qu’en tant que spectateur bien assis dans notre fauteuil on imagine fort bien quel comportement adopter pour ne pas tomber dans un piège aussi sadique. Pourtant les personnes incriminées sont loin d’être mauvaises, et on en vient à frissonner d’être confronté à pareille situation et dévoiler ainsi le pire de nous-même.

Gaëlle Bouché Envoyer un message au rédacteur