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Festival de Sarlat 2021 : Jour 3 - "Placés", "Memory Box" et "Zaï Zaï Zaï Zaï"

13 novembre 2021
Festival Sarlat 2021 Jour 3 Placés
© Michaël Crotto

Dans une journée qui accueillait aussi Laurent Cantet, auteur d’une belle réflexion sur la réputation et les réseaux sociaux, tout comme le progrès rampant du politiquement correct, avec "Arthur Rambo", une comédie absurde s’est particulièrement faite remarquer, aussi bien auprès des lycéens que du public.

Changement de parcours avec "Placés"

"Placés", nouveau film de Nessim Chikhaoui (co-scénariste des "Tuche", depuis le numéro 2), qui sortira en salles le 12 janvier prochain, suit un étudiant venu des cités refusé lors de l’épreuve d’entrée a Sciences Po du fait de l’oubli de sa carte d’identité, et qui accepte un boulot temporaire avec des éducateurs. Alliant comédie et drame, le film regroupe une bande de jeunes interprètes parfaitement castés, et s’inspire de l’expérience du réalisateur lui-même puisqu’il a été éducateur dans deux structures différentes pendant au total dix ans. Mais au-delà des portraits de jeunes avec des problèmes (et non pas « à problèmes » comme le répètent certains personnages) et de quelques facilités scenaristiques sur la fin, c’est le duo d’interprètes principaux qui séduit. Entre Shaïn Boumedine ("Mektoub, my love") et Nailia Harzoune ("Patients", "Chouf") l’alchimie fonctionne à merveille et vient globalement alléger le propos.

Souvenirs cruels d’un Liban en guerre dans "Memory Box"

On attendait beaucoup de "Memory Box", déjà présenté en compétition au dernier Festival de Berlin. Sûrement parce que l’histoire de ce carton empli d'éléments qui risquent de bouleverser une mère qui a enfoui depuis longtemps ses souvenirs de l’époque de la guerre, promettait à la fois un récit de transmission et une émotion réelle. Si l’émotion est bien au rendez-vous, principalement dans les scènes de conclusion, la construction originale du métrage, autour de photos qui s’animent, de silhouettes qui sortent de leur cadre, d’enregistrements audio, et d’éléments de carnets intimes, atteint cependant rapidement ses limites. Racontant de l’intérieur une guerre qui, malgré ceux qu’elle emporte, n’empêche pas la jeunesse de vivre et de vouloir aimer, le film fait preuve de maladresses ou d’incohérences au delà desquelles chacun choisira d'aller ou non. Il y a ceux qui accepteront toutes les visions offertes de l’époque, et ceux qui comme c’est mon cas, s’interrogeront sur l’existence même de certaines photos, multiples, des moments les plus intimistes entre les deux amoureux. Un film bercé par des tubes de l’époque, qu’on aurait aimé adorer, mais qui reste bien en deçà de son sujet et de l’attente générée.

Humour absurde avec le stimulant "Zaï Zaï Zaï Zaï"

Le nouveau film de François Desagnat ("Adopte Un Veuf", "La Beuze") est l’adaptation de la bande dessinée culte éponyme signée Fabcaro, dont l’humour absurde est parfaitement retranscrit à l’écran. Dans un monde où tout le monde a la même voiture, un acteur dénommé Fabrice se présente à la caisse d’un supermarché en ayant oublié sa carte de fidélité, et s’échappe avant d’être interpellé par le vigile, devenant ainsi le fugitif le plus recherché de France. Influence et manipulation des médias, comme préjugés sur les juifs, viennent ponctuer régulièrement un récit aux frontières du réel porté par Jean Paul Rouve, accompagné de tout un tas d’apparitions réjouissances. Un film étrange et surprenant, où le spectateur se doit d’être attentif au moindre détail, souvent savoureux, à l’image de ces touches de téléphone qui composent insidieusement « J’ai du bon tabac… ». Un très bon moment.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur
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