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Festival de Sarlat 2021 : Jour 2 – les docus "Animal", "Nous" et "Rosy"

12 novembre 2021
Festival Sarlat 2021 Jour 2 Animal
© CAPA Studio - Bright Bright Bright - UGC Images - Orange Studio - France 2 Cinéma - 2021

En ce deuxième jour du Festival, qui accueillait entre autres les équipes de "Ghost Song" et "Animal", mais aussi la réalisatrice Audrey Diwan et son actrice principale Anamaria Vartolomei pour la projection du Lion d’or, "L’événement", film choc sur l’avortement clandestin d’une jeune étudiante dans les années 60 et sur les transferts entre classes, ce sont trois documentaires qui ont particulièrement attiré notre attention.

"Animal" ou comment changer le regard dans un esprit d’apaisement

Le nouveau film de Cyril Dion réalisateur du documentaire "Demain" a fait l’objet de la séance principale ce mercredi soir dans la grande salle du cinéma Rex. Ouvrant son film sur des illustrations de l’extinction de masse des espèces qui est en cours, le réalisateur accompagne deux jeunes activistes de 16 ans, une anglaise est un français, à la rencontre de divers scientifiques et responsable d’ONG. Cela donne un documentaire intelligent et pédagogue, voué à faire évoluer les regards, et dont l’esprit d’apaisement se fait ressentir à plusieurs moments. La discussion entre les deux jeunes et un éleveur de lapin (chacun disposant de l’équivalent d’une feuille A4 comme espace vital) en est un, et permet au passage de mettre en évidence la situation précaire dans laquelle se trouve l’agriculteur, en comparaison à celles de tous ceux qui vivent grâce à ce qu’il produit lui. L’échange avec des éleveurs de brebis et des observateurs des loups, en un un autre, permettant également d’opposer militantisme et haine des hommes. Un film qui amène à penser l’Homme comme une composante de la nature et non un espèce nécessairement dominante.

"Nous", documentaire à la structure déstabilisante

"Nous" d'Alice Diop était un des films très attendus, puisque déjà objet des prix du meilleur film dans la section Encounters du festival de Berlin 2021, mais aussi du prix du meilleur documentaire. Malheureusement si la démarche de la réalisatrice visant à représenter enfin certaines populations invisibles, explicitée sur la fin du métrage, est parfaitement louable, le résultat reste plus difficilement lisible. Car plus le documentaire avance, plus la structure nous échappe, souhaitant embrasser trop de situations différentes, tout en marquant des différences de classes ou de conception du monde, dans ce qui semble être un melting-pot représentant la France. Un documentaire qui s’avère donc difficile d’accès, ceci d’autant plus que malgré une voix-off qui va et vient, l’absence d’indications écrites à l’écran crée parfois la confusion concernant les différentes personnes rencontrées.

Accepter la maladie grâce au surnom "Rosy"

Dernier documentaire du jour, le film "Rosy", distribué par Gaumont, laisse dans l’ensemble assez perplexe. Si l’on ne doute pas de la démarche personnelle entreprise par la réalisatrice alors qu’à l'âge de 21 ans elle apprend qu’elle est atteinte de sclérose en plaques et décide de partir seule en voyage durant 9 mois afin de découvrir son corps, et trouver une certaine sérénité entre Nouvelle-Zélande, Birmanie et Mongolie, le résultat apparaît comme un portrait en partie égocentrique qui ne fait qu’effleurer son délicat sujet. La construction, basée sur quelques interviews de proches et d’elle-même permettant d’arriver aux différentes vidéos qui retracent ses voyages, laisse en effet une impression paradoxale qui suggère un absence totale de changement chez la jeune réalisatrice. Aussi loquace et excessive une fois rentrée qu’au début de son périple, on a du coup bien du mal à croire en les bénéfices rapidement présentés de l’épisode sur la méditation en Birmanie, censée lui avoir apporté un certain apaisement. Si le sujet est important, la jeune fille débordante de vie et d’envies, le message paraît alors bien trouble, semblant entraîner toute une partie de la famille dans un discours fait certes d’une légitime rage contre la maladie, mais aussi d’un mépris profond pour l'attitude du corps médical, malheureusement jamais montré à l'image. On doute alors presque du stade auquel le film se raccroche, prétendant à l’acceptation pour mieux cacher une certaine forme de déni ? A savoir si cela est potentiellement salvateur ou non, tout comme la démarche de passer de l’intime à la communication grand public peut avoir ou pas ses vertus thérapeutiques.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur
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