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Festival de Cannes 2025 : "Put your soul on your hand and walk", le documentaire nécessaire sur Gaza

ACID
PUT YOUR SOUL ON YOUR HAND AND WALK
Documentaire
de Sepideh Farsi
Notre premier avis sur le film "Put your soul on your hand and walk" :
La séance de présentation de ce documentaire, réalisé par une femme Iranienne exilée (Sepideh Farsi a pris la décision de quitter Téhéran à l’âge de 18 ans, il y a plus de 40 ans) dialoguant avec une jeune femme de Gaza, décidée à rester sur place, allait forcément attirer les foules. Bien sûr parce que la situation à Gaza perdure, et que la documentation des conséquences de la guerre sur les civils se doit d’être documentée, mais aussi parce que le lendemain de l’annonce de sa sélection à l’Acid, sa protagoniste, Fatma, trouvait la mort dans son immeuble, avec 6 autres membres de sa famille, auxquels le film dédié. L’émotion n’en est que décuplée, faisant contraster les paroles d’espoir de la jeune femme avec la dure réalité, qui ne l’avait pas jusque-là atteinte, et que les nombreuses photos montrées dans le film, traduisaient déjà.
Il est vrai que si cet événement tragique n’avait pas eu lieu, d’autant plus le lendemain de la sélection du film, premier moment de visibilité de la parole qu’il porte, peut-être n’aurions nous pas consacré à celui-ci, en plus d’une critique, cette impression quotidienne. C’est là sans doute une manière de donner encore plus de retentissement au film, en parlant de ce sourire jamais effacé de Fatma, malgré les séquences d'une guerre d'usure, et en faisant un pied de nez à ceux qui ont éradiqué cette famille dont on aperçoit quelques visages curieux au fil des échanges en visio ou par messages vocaux entre la réalisatrice et Fatma. Rythmé par l’affichage des dates et des bribes d’informations filmées sur divers écrans, "Mets ton cœur sur ta main et marche", expression au delà de la survie employée par l’héroïne, donne à percevoir une appartenance à une terre ou un lieu, doublé d’un sentiment de résistance à une logique d'éradication emportant les civiles, que les chiffres déséquilibrés des cartons finaux viendront malheureusement encore nourrir. Si les voix porteuses de messages de paix sont aujourd'hui quasiment inaudibles, si de nombreux journalistes ne peuvent faire leur travail à Gaza, ce documentaire aura au moins le mérite de donner à voir les conséquences matérielles comme psychologiques et de documenter une guerre en la racontant du point de vue de civils privés d’issue, afin qu’aucun des deux camps ne puisse réécrire l’Histoire, une guerre étant toujours également une guerre de communication.
Lire la critique de "Put your soul on your hand and walk" par Christophe Brangé