NEWSFestival
Festival de Cannes 2025 : ouverture de la Quinzaine des cinéastes avec l'ensoleillé "Enzo"

Avant la cérémonie d'ouverture de la Quinzaine des cinéastes, le collectif des précaires des festivals de cinéma « Sous les écrans la dèche », a pu intervenir pour dénoncer les conditions d’indemnisation liées au nouveau dispositif d’assurance chômage. Après une mobilisation l’an dernier, un processus s’est ouvert pour négocier une convention collective (signée depuis) et intégrer le régime des intermittents du spectacle. Mais le MÉDEF bloque actuellement le dispositif en refusant de permettre la finalisation du dispositif. Ils ont donc appelé à poursuivre la mobilisation autour de ce sujet, pour la survie des festivals et leurs équipes.
Le Carrosse d'or pour Todd Haynes
A eu lieu ensuite la remise du Carrosse d’or au réalisateur Todd Haynes ("Velvet Goldmine", "Carol") qui incarne toutes les valeurs que la SRF souhaite porter : l’émergence, la diversité et la persévérance des cinéastes. Les trois présidents ont insisté sur le fait que face à la précarisation des métiers de la création et autres urgences, il faut que l’écosystème tienne bon, dans sa solidarité. Et c’est Didier Allouche qui est venu, en représentant de Canal+, faire un discours hommage. Le 23 mai 1995 à la Quinzaine, Todd Haynes avait présenté "Safe", son deuxième long, avec Julianne Moore, un vrai choc. Il y a dans ce film tout ce qui fait son cinéma, une force tragique, que l'on retrouve dans "Carol", "Velvet Goldmine", "I’m Not There", "Mieldred Pierce", et tant d’autres. il terminera en qualifiant son cinéma d’incarnation de la puissance de la nuance et de la force de la délicatesse.
C'est ensuite Todd Haynes qui fit un discours de remerciements, indiquant qu'en 1968, a l’âge de 7 ans, il a vu le "Romeo et Juliette" de Zeffirelli et qu'il s'agissait là de l’année qui a marqué un changement dans la création. L’année d’après la Quinzaine a été créée. L’autre crise, vingt ans plus tard, qui a marqué un changement fut l’arrivée du SIDA, qui a aussi vu l’émergence d’un vrai cinéma queer. Aujourd’hui, il insiste sur le fait qu'il y a un réel appel au civisme face à la montée des régimes autoritaires dans le monde, et que l'on verra ce que sera le rôle du cinéma dans cela.
ENZO
de Laurent Cantet, réalisé par Robin Campillo
avec Eloy Pohu, Pierfrancesco Favino, Élodie Bouchez, Maksym Slivinskyi...
Notre premier avis sur le film "Enzo" :
Film imaginé par Laurent Cantet (Palme d’or pour "Entre les murs"), décédé avant le tournage en avril 2024, "Enzo" a été finalement tourné par son ami et collaborateur Robin Campillo ("Eastern Boys") à l’été suivant. Il s’agit du portrait sensible d’un adolescent de 16 ans, issu d’une famille aisée, vivant sur les hauteurs de La Ciotat, dans une superbe villa, et qui inquiète ses parents en ayant choisi un CAP de maçonnerie. Un peu perdu, le garçon va construire son identité en opposition aux ambitions de son père ou à l’image de réussite de son frère, prenant pour modèle notamment un des ouvrier, Vlad, venu d’Ukraine. En forme de récit initiatique, entre imagerie masculine et relation ambigu à son mentor, "Enzo" parvient à toucher et offre au jeune Eloy Pohu un très beau premier rôle.
Lire la critique du film "Enzo" par Christophe Brangé