NEWSFestival

Festival de Cannes 2025 : ouverture entre hommages, politique et chanson

14 mai 2025
Festival de Cannes 2025 : impression 01 Ouverture et vue d'ambiance
© Olivier Bachelard - pour Abus de Ciné

Depuis la Salle Debussy, où la plupart des journalistes étaient réunis, après une première montée des marches plutôt glamour, il a été aisé de suivre la retransmission de la cérémonie d’ouverture du 78e Festival de Cannes.

Une cérémonie forcément teintée de politique

C’est Laurent Lafitte qui jouait cette année le rôle du maître de cérémonie, qu’il a dédiée dès le départ au caractère humble de l’actrice belge Émilie Dequenne, récemment disparue et née à Cannes grâce à son rôle dans "Rosetta" des frères Dardenne. Poursuivant sur un discours savamment dosé entre sérieux et provocation sur le métier d’acteur, comparant ses 67 films dans lesquels il a tourné, aux justes 15 tournés par Stanley Kubrick, il a gentiment taclé l’écriture inclusive, avant de d’écrire le rapport de l’acteur à son téléphone portable, en parlant de « regard plein d’envie et de haine, un peu comme devant une Tesla ». Avouant que le grand drame de l’acteur c’est qu’il se sait remplaçable, il a souhaité honorer « l’acteur qui parle », comme Richard Gere qui défend le Tibet, Rock Hudson qui se désacralise dans la mort, ou encore Zelensky devenu chez de guerre. Ajoutant qu’il serait temps de prendre la parole face à l’administration Trump, il affichait que chacun pouvait avoir aussi légitimement une carrière de citoyen.

Affirmant qu’au Festival de Cannes on protège le « cinéma du réel », mais que l’on tente aussi de le protéger du « réel », il a en profité pour envoyer une volée à Musk et autres milliardaires, en leur rappelant ce que devrait être leur rôle s’ils avaient un minimum de décence. Finissant sur « Vive l’humanité malgré tout », il a aussi cité Franck Capra : « Seuls les audacieux devraient faire du cinéma ».

La présentation du jury 2025 et le mot de Juliette Binoche

S’en est suivie la présentation du jury, avec l’arrivée de Halle Berry intimidée dans un longue robe rayée blanc et noir, puis un très beau montage des films de la présidente (elle a joué dans plus de 80), Juliette Binoche, elle aussi née à Cannes avec "Mauvais Sang" de Leos Carax. Se fendant de quelques mots, l’actrice française a rappelé que “les artistes peuvent témoigner pour les autres” et que dans le contexte de vent de douleurs violent actuel, il serait bon de redonner un peu d’humilité face à l’orgueil. Ceci avant de rendre hommage à la photo journaliste morte à Gaza, qui aurait du être de la fête, mais est morte dans un bombardement israélien le lendemain de la sélection du film dans lequel elle apparaît.

Les hommages à Lynch et De Niro, habitués de la Croisette

Puis c'est à David Lynch qu'un hommage a été rendu, commençant par des images de sa palme d'or "Sailor et Lula", avant d'enchaîner sur sa récente collaboration avec Mylène Farmer qui a interprété la chanson "Partout" sur fond de rideau et lumière rouge très "Twin Peaks".

C'est ensuite Leonardo di caprio, ovationné, qui est venu sur scène pour remette la palme d’or d’honneur à De Niro, son partenaire dans "Shutter Island" ou "Killers of the Flower Moon", décrivant un homme à qui il doit son début de carrière. Après un montage fleuve des ses interprétation parfois musclées, Robert De Niro s'est fendu d'un discours sur la lutte pour la démocratie aux USA, conscient que « l’art » et « nous sommes une menace pour les autocrates et fascistes », et qu'il faut s'organiser et agir maintenant, puis par le vote dès que cela est possible. Souhaitant que le Festival permettra aux artistes de « montrer leur force » pendant 12 jours, il a terminé sur « Liberté égalité fraternité ».

Enfin c'est un Tarantino déchaîné qui a déclaré ouvert le festival, après avoir été qualifié de type « vraiment pas très sympa » d’arrêter sa carrière à 10 films par Laurent Lafitte. Il a crié l'ensemble en français et jeté son micro au sol, avant de partir avec une démarche militaire.

Un film d'ouverture chantant et charmant

Enfin c'est avec la comédie, en partie musicale "Partir un Jour" que le festival s'est ouvert, hors compétition, projetant Juliette Armanet et un Bastien Bouillon plus caméléon que jamais sur le devant de la scène. Accompagnés de Dominique Blanc et François Rollin, touchants dans le rôle des parents de cette cheffe tentant de monter son restaurant et retrouvant un amour inassouvi d'adolescence alors qu'elle vient de tomber enceinte. Une œuvre où quelques chansons populaires viennent élégamment s’intégrer aux dialogues.

On vous invite à lire la critique de "Partir un Jour" par Raphaël Jullien

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur
Source :