Festival de Cannes 2023 : "Rosalie", envoûtante femme à barbe avec Nadia Tereszkiewicz

Un certain regard
ROSALIE
de Stéphanie Di Giusto
avec Nadia Tereszkiewicz, Benoît Magimel, Benjamin Biolay, Guillaume Gouix, Gustave Kervern, Juliette Armanet...

Notre première impression sur le film :

Les histoires de femmes à barbe sont souvent ancrées dans des cirques, des foires, où celles-ci sont exhibées telles des créatures repoussantes ("Freaks", "La Caravane de l’étrange", "American Horror Story"...). Stéphanie Di Giusto ("La Danseuse") prend le concept totalement à contre-pied, réservant la créature donnée en spectacle à un ponctuel cauchemar fait par l’héroïne, sur la fin du film, s’imaginant confrontée à une salle vide, symbole du rejet qu'elle redoute tant. Cette femme, à la pilosité hors normes, est interprétée par Nadia Tereszkiewicz ("Les Amandiers", "Mon crime"), dont la féminité n’est jamais prise en défaut, comme le souligne la première réaction d’un des clients du café de son mari : « tu es très jolie, Rosalie ».

De courage et d’acceptation de la différence il est ainsi question, au travers de cette comédie dramatique qui n’évite pas ponctuellement les archétypes, comme celui du méchant patron (ici d’une usine de blanchisserie), interprété par Benjamin Biolay. Le personnage joué par Guillaume Gouix, au final bien plus trouble, aurait quant à lui sans doute mérité d’être plus développé. On ne boudera cependant pas notre plaisir face à la qualité de la reconstitution, la finesse de l'interprétation, et surtout au tact avec lequel est traité le sujet principal, jusque dans l’intimité d’un couple qui parvient à nous toucher.