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Festival de Berlin 2025 : "Ari" ou le droit de ne pas être en phase

Présenté en compétition ce samedi après midi, le nouveau film de Léonor Seraille, passée par Cannes avec "Un frère" il y’a quelques années, a fait l’effet d’une petite bombe emplie de bienveillance et de l’air du temps.
ARI
de Léonor Serraille
avec Andranic Manet, Pascal Rénéric, Théo Delezenne, Ryad Ferrad, Eva Lallier Juan...
Notre premier avis sur le film "Ari" :
C’est la première vraie grosse surprise de cette 75e édition du festival de Berlin, grâce non seulement à son interprète principal (Andranic Manet, impressionnant) mais aussi à son scenario d’une rare finesse. Car il faut un réel talent pour capturer au travers du portrait d’un jeune professeur de CP, tout le décalage entre certains êtres et la société ou le monde actuel, dans ce qu’ils ont de violent en termes d’attendus, d’injonctions, d’intolérance et de violence du regard des autres ou des institutions. Pour capturer cela, le scenario signé Léonor Serraille prend le biais d’une bonne dose d’humour (les premières scènes montrant le décalage entre la sensibilité artistique du personnage et son rôle de Maître devant se placer à portée des enfants sont un vrai régal), ce qui n’empêche pas de construire un homme, Ari, ayant du caractère et surtout un regard critique sur le monde.
Finement, c’est au contact de ses ami(e)s, pour certains un temps laissés de côté, mais que son père qui le met à la porte l’oblige à retrouver, entre Paris et Lille et ses environs, que celui-ci va apprendre à grandir, jusqu’à être, peut être, enfin prêt à vivre une vie d’adulte en partie dans ce monde. Doucement, l'émotion naît peu à peu, éclairant à la fois proximité et fossé entre ce grand garçon et ce père qui se désespère de le voir prendre son envol, une copine lesbienne, son pote bi travaillant dans la finance et cochant toutes les cases de la réussite, malgré son homosexualité, un pote rebeu qui ressent de plein fouet la montée de la haine... Si on adore le film, c'est sans doute qu'il capture quelque chose de l'air du temps, tout en montrant que le dialogue est encore possible, mais qu'il faut prendre soin de ceux qui malgré eux se sentent en décalage de phase avec la société.