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Cinéma
Festival de Berlin 2010 - Jour 4: Zhang Yimou et Ben Stiller en service minimum, l'Argentine au top
Dimanche 14 février 2010
A WOMAN, A GUN AND A NOODLE SHOP
(San qiang pai an jing qi)
de Zhang Yimou
Vu le dimanche 14 février à 9h00
Compétition (+1)
Zhang Yimou adapte librement l'intrigue de "Blood simple" ("Sang pour sang") des frères Coen. Située dans la Chine médiévale, cette histoire de mari jaloux qui engage un policier pour tuer sa femme, qu'il croit avoir une liaison avec l'un de ses employée, va devenir au final très compliquée, les hasards et malentendus faisant se succéder les pires actions. Et le récit propose un joli bouquet de sentiments ou motivations humains, comme l'instinct de protection, la cupidité, le désir de vengeance, le mépris. Malheureusement, même si Zhang Yimou excelle dans son entrée en matière (la vente de l'arme à l'origine de tous les problèmes) et dans sa conclusion (la scène de la main clouée à la porte par une paire de ciseaux), son film manque régulièrement de souffle, jouant trop sur la pitrerie, effet qui se marie mal avec l'humour noir du scénario. Restent une nature désertique d'une beauté à couper le souffle et un comique de répétition qui fonctionne plutôt bien avec les scènes dans le bureau du mari, dont chacun des personnages aimerait bien piller le coffre.
GREENBERG
de Noah Baumbach
avec Ben Stiller, Greta Gerwig, Rhys Ifans, Jennifer Jason Leigh...
Vu le dimanche 14 février à 12h00
Compétition (+1)
Ben Stiller produit ce film indépendant américain, signé du réalisateur de "Les Berkman se séparent" et "Margot at the wedding", Noah Baumbach. Et l'on est forcé de se dire que l'acteur, connu pour ses comédie, prend comme tout le monde, de la bouteille, allant naturellement vers des rôles plus sérieux, et forcément plus personnels. Car "Greenberg" est le nom de famille du quarantenaire qu'il interprète, récemment sorti de dépression, et très maladroit dans ses relations avec les autres. Hébergé dans la maison de son frère, il va se rapprocher d'une assistante de 25 ans et d'un chien, lui aussi dépressif. Malgré quelques dialogues plutôt bien ciselés, des malheurs qui s'accumulent sur les épaules accablées d'un Ben Stiller déjà bien mal fagoté, et des développements, plutôt rares au cinéma, sur le thème du vieillissement, l'homme ne poouvant pour une fois rien y faire, la sauce ne prend pas vraiment. Finalement, quand deux paumés se rencontrent, l'un trop sûr de lui, l'autre pas assez affirmée, pas assez drôle pour être une vraie comédie, tout cela à cause de leurs âges respectifs, cela donne une semi-comédie bien pâlote.
Conférence de presse de "Greenberg"
2 questions à Noah Baumbach, Ben Stiller, Rhys Ifans et Greta Gerwig
Journaliste:
Comment avez-vous apprécié la relation entre Roger et Florence ?
Ben Stiller:
Ce sont deux personnages qui ont leurs propres problèmes. Ils forment une paire peu probable c'est vrai. Mais je trouve qu'ils sont très bien observés dans cette histoire. Ce personnage est très concentré sur lui-même, et sur ce que ça vie devrait être. Du coup, il n'est pas ouvert à l'arrivée de Florence, et ne la laisse pas faire. Mais au fond, leur relation est toujours crédible.
Journaliste:
Avez-vous retrouvé beaucoup de votre vie privée dans ce rôle ?
Ben Stiller:
...en fait, ce qui m'a touché dans ce personnage, c'est qu'il refuse de savoir que la vie n'est peut-être plus devant lui. Ceci même s'il n'a pas eu celle qu'il voulait. C'est dur pour Roger de réaliser cela. Mais cela vient pour tout le monde avec l'âge... et je crois que le film parle beaucoup de cela en fait.
GENTLEMEN BRONCOS
de Jared Hess
avec Michael Angarano, Jennifer Coolidge, Jemaine Clement, Mike White, Sam Rockwell...
Vu le dimanche 14 février à 15h30
Generation 14plus (+2)
Le réalisateur de "Napoleon Dynamite", véritable phénomène outre-atlantique, et finalement sorti directement en vidéo en France, nous revient avec un nouvel opus enclin à la régression adolescente. Mais aussi avec un véritable hommage aux créateurs en tous genres et aux écrivains de science fiction en particulier. Entre temps, il a aussi réalisé "Super Nacho" délirant film avec Jack Black. Le ton de sa nouvelle régression post-adolescente est donné d'emblée, avec un générique montrant des couvertures de "sci-fi novellas", romans de science fiction cheap et souvent sexués, qui font la passion du jeune héros, Michael Angarano (vu dans "Dear Wendie" de Vintenberg ou encore récemment dans "Le royaume interdit" avec Jackie Chan et Jet Li), parfait en geek au regard de chien battu. Entre différentes trahisons, de la part d'une possible petite-amie manipulatrice affublée d'un prétendu génie de la réalisation qui ne fait que des bandes-annonces, et d'un mentor en panne d'inspiration devenu gourou des écrivains en herbe, nous avons droit à quelques truculents passages en images d'un roman où le héros se recoud lui-même une couille (Sam Rockwell, formidable de dérision). Bref, tout n'est pas léger chez Jared Hess, mais la fantaisie et l'envie de cinéma sont bien présents, ainsi qu'une ribambelle de personnages bien barrés.
POR TU CULPA
de Anahí Berneri
Vu le dimanche 14 février à 19h00
Panorama Special (+3)
Nouveau film argentin côté Panorama avec "Por tu culpa", récit de la nuit cauchemardesque d'une femme travaillant chez elle, contrainte de s'occuper de ses deux enfants, turbulants, son mari ayant raté son avion, et alors qu'elle doit rendre un travail important le lendemain. Se rendant à l'hôpital après une chute du plus petit, elle sent vite qu'on la soupçonne, à demi-mots, de maltraitance. L'actrice principale, Eric Rivas, est tout simplement formidable, laissant progresser la propre inquiétude de la mère, d'abord centrée sur la santé de ses enfants.Rapidement, sans que le spectateur s'en aperçoive, le lieu de protection qu'est sensé être l'hôpital, se transforme en piège et prison. Au fur et à mesure que les soupçons s'accumulent, le temps rapprochant cette femme du matin, la réalisatrice filme son personnage principal de plus en plus près, allant jusqu'à frôler sa chevelure, sa nuque, son regard fatigué. Tout ceci pour mieux rendre compte de son inquiétude grandissante. Un film opressant en diable, qui a de quoi angoisser toutes les mères célibataires suceptibles de se rendre un jour seules dans une clinique.
RED HILL
de Patrick Hughes
Vu le dimanche 14 février à 21h30
Panorama Spécial (0)
L'Australie nous offre avec "Red Hill", un western moderne qui pèche par excès de caricature. Si les fusillades sont efficaces, si les paysages et la nuit enveloppante sont de nature à générer l'inquiétude, le film manque cruellement de scénario, se contentant de mettre face à face un évadé d'origine aborigène, et la bande du shérif local, tous armés jusqu'aux dents. Au milieu de tout ce beau monde prêt à en découdre, on ne saura que très tard pourquoi, une jeune recrue, venue s'installer avec sa femme enceinte dans ce trou paumé, fait figure de caution morale. Le méchant ressemble à un mauvais "Machette" (vous savez la bande annonce parodique du Tarantino / Rodriguez sensée devenir bientôt un film...) au visage à moitié couvert de brûlures, et la mystèrieuse bête qui dévore les animaux, évoquée un instant au début du film, devient tout à coup fondamentale dans l'histoire. Sans avoir forcément peur de l'incongrüe, on n'en est pas moins un minimum exigeant, et l'on aurait aimé qu'au moins un certain suspense puisse être construit autour de la potentielle présence de l'animal. Mais non, rien.
Egalement présentés ce jour:
ORLY
de Angela Shanelec
avec Bruno Todeschini, Natacha Régnier, Mireille Perrier...
Vu le vendredi 12 février à 19h15
Forum (0)
C'est bien connu, les aéroports sont des lieux où les gens se frolent, se croisent, sans forcément vraiment se rencontrer, restant tous seuls au final. A Orly, la réalisatrice nous invite à suivre plusieurs moments de vies, principalement centrés sur trois "couples", l'un se découvrant, l'autre, composé d'une mère et de son fils, en proie au deuil, et le troisième en prémices de rupture, le garçon ayant furieusement envie d'aller voir ailleurs. Malheureusement, "Orly" est une sorte de cliché du film d'auteur français, aux dialogues certes fort bien écrits, mais sans la moindre réelle tension ou idée de mise en scène. On suit du coup sans passion, ces tentatives d'échanges ratées entre être aimés ou aimants. Et on ressort de là avec une seule envie: un peu d'optimisme...
DIE FRISEUSE
(La coiffeuse)
de Doris Dörrie
Vu le samedi 13 février à 18h30
Berlinale Special (+1)
La réalisatrice de "Hanami - Cherry blossoms" revient en séance de Gala avec sa nouvelle comédie dramatique, contant les déboires d'une coiffeuse obèse, désireuse de trouver du travail. D'emblée, la scène d'ouverture donne le ton, avec un ballet de chevelures colorées et de ciseaux virevoltant: nous voici dans une COMEDIE. Et la bonne humeur de l'héroïne, comme son goût pour les bons mots, nous le confirme, de manière plutôt lourde au début, avant de devenir attendrissante. Car les déboires de la dame, en dehors de la rivalité basique avec un salon existant où les coiffeuses sont belles et minces, l'amèneront à coiffer des papis libidineux et jouer les passeurs d'asiatiques à la frontière polonaise. Deux vraies bonnes idées de comédie, qui viennent alléger le ton de ce film forcément politique correcte sur le fond, mais qui ne tente pas de faire maigrir son personnage principal. Décidément, après "Sumo", la mode est aux gros qui savent s'assumer.
PLEIN SUD
de Sebastien
avec Yannick Renier, Léa Seydoux, Nicole Garcia, Théo Frilet, Pierre Perrier...
Vu en salles en France
Panorama (+1)
Lire la critique de "Plein Sud" par Mathieu Payan