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Festival d’Annecy 2025 : pronostics pour le Palmarès

14 juin 2025
Festival d'Annecy 2025 pronostics pour le palmarès
© Olivier Bachelard pour Abus de ciné

Un cristal pour un enfant soldat ?

À quelques heures de la cérémonie, il apparaît beaucoup plus difficile que l’an dernier de prédire qui va bien pouvoir l’emporter dans chacune des deux compétitions du Festival d’Annecy. Si "Mémoires d’un escargot" faisait un favori inégalé en 2024, malgré la présence de "Flow", on pariera cette année sur un film qui est à la fois politique et une œuvre dont l’animation rend hommage aux paysages et aux couleurs d’un continent, au travers des quatre pays traversés par un enfant perdant son innocence par les armes, mais gagnant une certaine lucidité sur un monde d’où l’humanité s’éclipse au profit du pouvoir, de l’argent, de la violence, la place des femmes étant bien entendu questionnée au passage. On se dit qu’ainsi, "Allah n’est pas obligé" de Zaven Najjar devrait empocher le cristal du long métrage, par la puissance de sa narration et de la mise en images de conflits protéiformes. Le fait que Zaven Najjar ait été directeur artistique sur "La Sirène", le film précédent de Sepideh Farsi, présidente du jury, l’écartera peut-être de ce palmarès, mais cela serait bien dommage.

Un prix du public probablement venu d'Espagne

Pour les places qui suivent, on a beaucoup hésité à placer "Arco" parmi les plus hautes récompenses, car le film vise avant tout un public d’enfants, en délivrant un message d’espoir sur la conscience du devenir de la planète. On se dit du coup que le film aurait fait un beau Prix du public, autour de ses influences comme de ses thématiques environnementales. Mais c'est sans compter sur le film que l'on a découvert tardivement cet après midi "Olivia et le tremblement de terre invisible" qui traite en stop motion et à hauteur d'enfant, de la crise immobilière en Espagne dans la foulée de la crise de 2008, et des conséquences pour les familles. Une œuvre bouleversante et imaginative, tellement ovationnée dans les salles qu'elle devrait l'emporter. En Prix du jury on verrait bien "ChaO", le film du japonais Yasuhiro Aoki, aussi drôle que speedé, racontant en flash-back l’histoire d’amour improbable entre une princesse sirène et un jeune humain. La technique d'animation tout comme les décors esquissés et colorés sont remarquables, et la tonalité fantastique, teintée de préoccupations environnementales fait mouche.

Pour le Prix Paul Grimault, on verrait bien une égalité entre deux films passés par Cannes. D'un côté il pourrait y avoir l'adaptation drôle et grave à la fois d'Amélie Nothomb, "Amélie et la métaphysique des tubes", ses points de couleurs impressionnistes et sa thématique puissante de la perte à hauteur d'enfant. De l'autre on verrait bien les réflexions du québécois Félix Dufour-Lapérrière sur le désir de changement, la peur, la violence, dans des tableaux aux couleurs fondant les personnages avec leur environnement : "La Mort n'existe pas". Enfin pour le Prix Fondation Gan à la Diffusion, l'originalité du "Planètes" de Mamoko Seto, magnifiant l'infiniment petit pour créer des créatures d'autres échelles et des paysages inquiétants, pourrait primer. Les péripéties de 4 akènes de pissenlit cherchant le bon endroit pour se planter, après une explosion nucléaire sur terre, et l'ode à l'entraide que constitue le film, seront en tous cas l'un des événements cinéma de l'an prochain.

Humour et simplicité côté Contrechamp

Du côté de la compétition contrechamp, on pariera sur la simplicité apparente du film italien "Balentes" de Giovanni Columbu, qui joue de différentes temporalités et de la distance avec des personnages en forme d'ombres vacillantes, perdues dans des paysages noirs et blancs évoquant la campagne de Sardaigne, pour raconter la mort d'un deux enfants amis, décidés à voler des chevaux militaires, ceci à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. L'animation est épurée mais relève de l'hypnotique, conférant à ce drame quelque chose de fantomatique et d'inquiétant. Enfin pour le Prix du jury contrechamp, ce sera peut-être l'humour grinçant de "Endless Cookies", portrait de deux frères, l'un blanc, l'autre autochtone qui l’emportera. Si le dessin paraît enfantin, il cache un portrait familial acerbe, dans lequel les deux frères se remémorent des souvenirs qui en disent long sur le racisme et le traitement des premières nations, le blanc illustrant en animation ce que l'autochtone raconte à sa manière. Un film réellement surprenant et assurément politique, dont on vous reparlera bientôt.

Les pronostics pour le Palmarès 2025

Cristal du long métrage :
ALLAH N’EST PAS OBLIGÉ
de Zaven Najjar

Prix du jury :
CHAO
de Yasuhiro Aoki

Prix Paul Grimault :
AMÉLIE ET LA MÉTAPHYSIQUE DES TUBES
de Maïlys Vallade et Liane-Cho Han
Ex æquo
LA MORT N’EXISTE PAS
de Felix Dufour-Laperrière

Prix du public :
OLIVIA ET LE TREMBLEMENT DE TERRE INVISIBLE
Olivia
de Irene Iborra

Prix Fondation Gan à la Diffusion :
PLANÈTES
de Mamoko Seto

Grand prix contrechamp :
BALENTES
de Giovanni Columbu

Prix du jury Contrechamp :
ENDLESS COOKIE
de Seth Scriver et Peter Scriver

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