Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

INTERVIEW

SAMSAM

Tanguy de Kermel

Réalisateur

Dans les salons de l’hôtel Beau Rivage, au bord du lac de Gérardmer, Tanguy de Kermel, réalisateur du très réussi film d’animation « SamSam« , nous reçoit autour d’une boisson chaude, hiver oblige, en compagnie de l’attachée de presse de StudioCanal.

Son film, déjà présent dans de nombreux festivals (L’Alpe d’Huez, L’hivernal Annecy, Drôle d’endroit pour des rencontres…) a également été sélectionné dans le Val-d’Oise à l’Anima Festival de Bruxelles, au New York Children International Film Festival, ou en compétition à Meknès, et a déjà fait l’objet de plus de 200 avant-premières en France.

Tanguy de Kermel, qui a eu une carrière free lance, a passé 3 ans en Allemagne, et travaillé pendant 15 ans dans la publicité télé, s’est laissé tenter par une adaptation de la BD en images de synthèses, et s’est ainsi retrouvé à la tête de la série télé de 2006 à 2009, aujourd’hui diffusée dans 60 pays, avant de devenir cette année un long métrage de cinéma. Sa présentation hors compétition à Gérardmer était aussi l’occasion de marquer le coup avant la sortie en salles.

Entretien Rencontre Interview SamSam affiche
© StudioCanal

Le passage du format télé ou format cinéma

En voyant la version cinéma de "SamSam", on se demande forcément comment la transposition s’est faite vers le grand écran, quelles ont été les difficultés au niveau du scénario, voire si cela a été une opportunité graphique pour développer tout un univers.

Tanguy de Kermel répond que le challenge principal a été sur le scénario. « Il fallait atteindre les 80 minutes, tout en gardant un bon rythme, avec une histoire qui parle aux enfants ». Ils souhaitaient en effet « garder une cible inférieure à neuf ans ». Ils ont mis d’abord sur le scénario Jean Regnaud, puis il y a eu un travail avec Valérie Magis « afin d’en alléger la complexité ». Ils sont revenus sur la base de la BD de Serge Bloch, car il ne devait pas s’agir « d’un épisode gonflé ». « Il y a eu un travail d’un an et demi au total et Valérie a amené en même temps de l’humour et les dialogues. « Le scénario a aussi amené des choses nouvelles », comme une fille est une femme à Marchel Ier. Quant à Tanguy, lui-même devait au final « s’assurer du rythme des séquences et conduire la réalisation ».

Une mise en scène enrichie

Côté mise en scène, le passage au grand écran « permettait des cadrages, avec des mouvements de caméra sympathiques, des entrées de champ ». Ils ont pu « beaucoup enrichir les décors, avec une même direction artistique monochrome », mais également « la création du palais Marchiens, avec une dimension d’architecture nord-coréenne mégalo qui n’existait pas dans la série ». Ils ont aussi introduit un environnement plus riche dans les maisons et en fond de décors. Il y a également eu « un gros boulot sur la lumière, très différente de la série ». « Comme avec un chef opérateur en cinéma, il fallait construire l’image, modeler les visages, faire ressortir les matières. Ceci tout en conservant un aspect jouets des soucoupes et des silhouettes ». Il a aussi fallu ramener le trait noir de contour qui était dans la BD, très façon Sempé.

Pour les personnages supplémentaires, « l’idée de la petite fille est venue de Jean Regnaud. Ce n’était pas une demande spécifique ». Mais cela intéressait Tanguy de Kermel de pouvoir montrer les deux personnages en parallèle, avec « à la fois la liberté de Sam Sam, qui reste tout de même naïf, les nombreuses contraintes pour Mega (le solfège, l’univers carcéral vert métal, la zone de sécurité…), et surtout le déclic dans son petit caractère qui lui permet de baratiner ses parents ». « La dualité entre les deux était intéressante et marquée au maximum au niveau mise en scène ». Il note d’ailleurs que le personnage de Mega séduit beaucoup et il est même envisagé de le garder pour la saison 3 de la série.

Les possibilités de l’animation dans le fantastique

Dès le début du film on est projeté en cinq minutes dans un autre univers, avec ce vaisseau qui allume le soleil. Pour Tanguy l’animation a toujours un rôle prégnant dans le fantastique, même à l’époque des effets spéciaux. « Cela permet de montrer des univers parallèles plus ou moins réalistes ». Ici il y a « l’allumage de la ville en plusieurs étapes, à une échelle qui n’est pas la nôtre ».

Côté inspirations, les néophytes trouveront peut-être quelque chose de Plankton, le méchant de la série "Bob l'éponge" dans Marchel. Mais pour Tanguy, « Marchel Ier c’est un peu un Hitler martien avec un casque prussien », donc il est très différent de Plankton. Quant aux similitudes avec la famille des "Indestructibles" de Pixar, « la bande dessinée date du début des années 2000 » et est donc antérieure.

Des idées qui parleront aux enfants

L’interrogeant sur les idées des armes du méchant, les vomito, pipioli, quipique et quifépeur, créatures qui parleront sans doute aux plus petits, Tanguy de Kermel raconte que l’auteur, Serge Bloch « en avait marre de voir son fils déguisé en Batman ». « Il a eu alors l’idée d’une sorte de Bat Sam, avec un petit masque, qui pourrait affronter des angoisses de petits garçons à la manière d’un super-héros ». Le pipi au lit, les blessures qui piquent en cas d’accident, « l’idée était de matérialiser tous ces bobos et de les combattre ». Dans le long-métrage, ils ont juste imaginé qu’ils étaient « tous issus du cerveau malade de Marchel Ier ».

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT