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INTERVIEW

TEMPS QUI RESTE (LE)

Une fois n’est pas coûtume, c’est séparément que François Ozon et Melvil Poupaud se sont prêté au jeu de l’interview. Ainsi avons-nous pu assister à des propos quelques peu divergents, quoique plus complémentaires que contraires. Ce fut le cas notamment à propos de la relation entret…

© Loll Willems

Une fois n’est pas coûtume, c’est séparément que François Ozon et Melvil Poupaud se sont prêté au jeu de l’interview. Ainsi avons-nous pu assister à des propos quelques peu divergents, quoique plus complémentaires que contraires. Ce fut le cas notamment à propos de la relation entretenue sur le tournage entre l’acteur et le réalisateur. L’un (Ozon) avoua en effet avoir été un tantinet dérouté par l’attitude de l’autre (Poupaud), qui analysait avec précision les techniques de travail du réalisateur pour en adopter la même rigueur. Mais de son côté, Poupaud n’insiste pas plus sur un conditionnement particulier dans ses méthodes de travail et affirme tout simplement : « quand tu tournes avec des bons metteurs en scène, tu sais qu’il mettra en avant tes efforts au montage », renchérissant en expliquant s’être juste impliqué à fond, sorte d’émulation provoqué par ce travail avec Ozon.

De façon générale, c’est avec un respect profond que les deux protagonistes parlent l’un de l’autre. D’une part, Ozon met en avant le talent de son acteur malgré un rôle très difficile, mais pas fatalement dans le sens qu’on s’imagine. Comme il l’affirme : « c’est finalement souvent les scènes pour lesquelles on est le plus angoissé qui se passent le plus vite, car justement, on veut que ça se fasse vite et c’est réglé en deux prises. » Et de l’autre côté, Poupaud s’affirme comme un fan des premières heures du réalisateur. On se demande dès lors pourquoi il a refusé la première offre d’Ozon pour Goutte d’eau sur pierres brûlantes. Celui-ci explique alors qu’il avait avant tout été contacté pour faire des essais sur une scène particulièrement ardue et physique.

Certes, le problème se posait plus sur le principe d’un essai, chose que tenait (et tient toujours) en horreur le jeune acteur. Car des scènes de ce type, Le Temps qui reste en comporte beaucoup. « Ca a été tous les jours hyper dur » avoue Poupaud, et ce n’est pas pour autant qu’il refusa une quelconque demande d’Ozon sur le tournage car, affirme-t-il, une grande confiance s’était installé entre les deux hommes, au point même que le réalisateur consulta fréquemment l’avis de l’acteur au cours du montage.

« Ca a été un film très difficile à monter » confirme Ozon de son côté. Et ce dernier l’explique par de nouvelles techniques employées et avec lesquelles il n’avait jamais travaillé. « J’ai tourné en scope, ce que je n’avais jamais fait avant, et cela change le montage » explique-t-il par exemple. Aussi, il raconte que la première version du film durait 1 h50 à laquelle il décida finalement de tronquer 25 min afin d’épurer au maximum dans un but esthétique, mais aussi pour promouvoir plus facilement certaines scènes qu’il voulait marquantes.

Et en terme de scènes marquantes, celle qui introduit le film par un acte sexuel intense entre deux homosexuels en est un bon exemple. Toutefois, le réalisateur feint l’étonnement dès qu’on en vient à qualifier ce passage de séquence-choc. Car affirme-t-il « montrer des couples homosexuels choque tout le temps, dérange les gens. » Comprenez par là que ce réalisateur n’est pas prêt de lâcher ce thème …

Anthony REVOIR Envoyer un message au rédacteur

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