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INTERVIEW

QUESTION HUMAINE (LA)

Nicolas Klotz est un homme posé et détendu. Tout le contraire d’Elisabeth Perceval, la scénariste vive et emportée avec qui il travaille depuis 2004.

Ce film, « La Question Humaine », est traversé de sujets forts qui leur tiennent particulièrement à cœur : l’Holocauste, l’Histoire jui…

© Sophie Dulac Distribution

Nicolas Klotz est un homme posé et détendu. Tout le contraire d’Elisabeth Perceval, la scénariste vive et emportée avec qui il travaille depuis 2004.

Ce film, "La Question Humaine", est traversé de sujets forts qui leur tiennent particulièrement à cœur : l’Holocauste, l’Histoire juive, la philosophie. C’est aussi le dernier volet d’une trilogie, composée également de « Paria » (2000) et « La Blessure » (2004). Sur la banquette du cinéma Comoedia, à Lyon, ils expliquent leur projet.

Abus de ciné :
Le générique d’introduction débute par un long travelling, où défilent des nombres sur un sol gris, interminable. Est-ce une allusion directe aux camps d’Auschwitz ?

N.K :
Chacun est libre d’interpréter cette séquence comme il l’entend. Nous avons découvert ce hangar dont le sol était traversé par des rails et marqué par des chiffres. On peut aussi y voir la rationalité de l’entreprise, et la désincarnation des membres qui la composent.

E.P :
Il est vrai qu’on ressent le nazisme dès le début. Or nous n’avons pas voulu faire un film sur la Shoah, ni une œuvre commémorative. « La Question Humaine » ouvre une réflexion sur le monde d’aujourd’hui, travaillé par la mémoire et hanté par l’Histoire.

Abus de ciné :
Pourtant le film montre un monde de l’entreprise rigide, presque militaire. Associez-vous le monde du travail tel qu’il est aujourd’hui à une forme de Nazisme ?

N.K :
Non, c’est plus large que cela. Il ne s’agit pas d’un parallélisme bête entre les relations patrons / employés et Nazis / prisonniers. Nous avons voulu montrer des cadres sous pression et retranscrire ce qui se passe dans leur tête. Tous les interprètes, à l’exception de Mathieu Amalric, sont de véritables jeunes cadres dans la vie. Quand nous les avons interrogés, ils reconnaissaient avoir une vie difficile sans pour autant la dénigrer.

Abus de ciné :
Vous pensez qu’ils sont résignés ?

N.K :
Je pense oui. Ils savent qu’ils n’ont pas le choix alors ils sont contraints de s’adapter.

E.P :
Quand nous les avons rencontrés, nous avons été surpris de leur vitalité et de leur absence de cynisme. C’est ce qui fait leur force, mais j’y vois une forme d’amnésie qui peut être dangereuse.

N.K :
En tout cas, mon banquier âgé de 28 ans, à qui j’ai donné un rôle dans le film, semblait plutôt d’accord avec la vision du monde du travail que nous décrivons.

Abus de ciné :
Peut-on alors considérer que « La Question Humaine » est un film sur l’entreprise ?

E.P :
Non, je ne dirais pas cela. Il s’agit plutôt d’une hypothèse sur l’entreprise.

N.K :
Un film qui tente de montrer comment ne pas se faire d’illusions sur le système dans lequel nous vivons.

Abus de ciné :
Avez-vous souhaité transmettre au public votre point de vue sur le monde d’aujourd’hui ?

N.K :
Le point de vue est quelque chose de compliqué. Il enferme les gens dans une opinion, sans leur donner toutes les clés pour penser par eux-mêmes.

E.P :
Le film ne fait que poser une question préliminaire à toute réflexion sur la démocratie. Il montre certains effets négatifs du capitalisme, mais montre qu’il existe aussi toutes sortes de violences.

Abus de ciné :
Selon vous, qu’est-ce que la question humaine ?

N.K :
C’est comment se définir entre l’humain et l’inhumain. En tout cas cette question habite Simon, le protagoniste, qui se métamorphose tout au long du film.

Sylvia Grandgirard Envoyer un message au rédacteur

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