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INTERVIEW

LIGNE DROITE (LA)

Journaliste :
Faire un film sur l’athlétisme était-il un projet qui murissait en vous depuis longtemps ?

Régis Wargnier :
J’ai l’impression que l’on parle mieux de ce que l’on connaît. C’est le seul sport que je suis depuis toujours. Et je suis assez étonné qu’il y ait si pe…

© Gaumont Distribution

Journaliste :
Faire un film sur l'athlétisme était-il un projet qui murissait en vous depuis longtemps ?

Régis Wargnier :
J'ai l'impression que l'on parle mieux de ce que l'on connaît. C'est le seul sport que je suis depuis toujours. Et je suis assez étonné qu'il y ait si peu de films de sport en France. Je ne sais pas pourquoi les gens ne s'y risquent pas. Peut-être parce que c'est déjà très couvert par la télévision et qu’il serait difficile de faire des images qui pourraient s'y mesurer. En même temps, j'en suis arrivé à une conclusion assez intéressante : la télévision filme le sport, alors que j'ai essayé de filmer les sportifs. Et l'athlétisme permet cela, car c'est un sport individuel. Je crois que c'est le seul sport où l'adversaire principal, c'est soi-même. On ne court pas contre le coureur d'à côté, on court contre soi et ses propres performances. Et je trouve cela très beau esthétiquement.

Journaliste :
Était-ce un défi pour vous de filmer les scènes de courses ?

Régis Wargnier :
Le défi, c'était de ne pas faire comme les images de télévision qui ont un avantage sur nous, puisqu'elles ont une douzaine de caméras dans les meetings. Ceci dit, ils sont obligés de se tenir loin des athlètes, ils ne peuvent pas être sur leur chemin. Ils utilisent donc des longues focales, ce qui rapproche mais artificiellement. On voit bien que c'est l'objectif qui rapproche et pas la caméra. Nous avons donc utilisé une petite voiture électrique pour filmer les coureurs en étant très proches d'eux.

Journaliste :
Avez-vous eu un entraînement particulier afin de vous préparer au tournage ?

Rachida Brakni :
J'ai fait beaucoup d'athlétisme quand j'étais jeune. C'est aussi à travers l'athlétisme qu'on s'est rencontré avec Régis, puisqu'il connaissait mon passé d'athlète. J'étais l’une des meilleures Françaises sur 200 mètres. Je le dis sans prétention, puisque c'est les chronos qui parlent, on est dans l'objectivité. Je me destinais à faire du 400 mètres et 400 mètres haies, malheureusement mon corps n'a pas suivi. Donc ce projet me donnait pour la première fois l'opportunité de faire cohabiter mes deux passions que sont le sport et le cinéma. Quand Régis m'a contactée, c'était l'opportunité de retrouver mes sensations, que je n’avais pas éprouvée depuis plus de quinze ans. Je me suis entraînée cinq à six fois par semaine. On a été très bien encadré par la Fédération d'athlétisme que Régis connaît bien. Tout a été mis en œuvre pour que l'on s'entraîne dans les meilleures conditions. J'ai aussi eu la chance de m'entraîner avec Ladji Doucouré et Muriel Hurtis, c'est à dire les meilleurs Français.

Journaliste :
Courir devant une caméra quand on a l'habitude de courir pour soi, était-ce plutôt difficile ou agréable ?

Rachida Brakni :
C'était très agréable. Quand je faisais du sport de haut niveau, ce qui me plaisait était cette sensation de dépassement de soi. Et tout à coup, c’est l'abstraction totale de votre environnement. Sur le tournage, grâce au dispositif que Régis avait mis en place –une sorte de papamobile complètement silencieuse-, j'ai pu retrouver ces sensations-là. Mais ce n'était pas gagné au départ, parce que courir seul c'est une chose, mais courir avec quelqu'un d'autre, c'en est une autre. C'est là où le travail qu'on a fait en amont avec Cyril était très important. Trouver la même foulée avec quelqu'un est très difficile. Mais ce travail nous a permis de trouver une coordination, une même respiration.

Rémi Geoffroy Envoyer un message au rédacteur

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