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INTERVIEW

KNOCK KNOCK

Eli Roth, Keanu Reeves, Lorenza Izzo et Colleen Camp

Réalisateur, acteur, actrices, productrice

Présente à Deauville, l’équipe du film « Knock Knock » a joué au jeu des questions réponses avec la presse. Extraits.

Journaliste : Eli, est-ce que le personnage d’Evan ne représente pas l’image d’une Amérique puritaine que vous voulez punir ?

Eli Roth : Je pens…

© Synergy Cinéma

Présente à Deauville, l'équipe du film "Knock Knock" a joué au jeu des questions réponses avec la presse. Extraits.

Journaliste : Eli, est-ce que le personnage d’Evan ne représente pas l’image d’une Amérique puritaine que vous voulez punir ?

Eli Roth : Je pense qu’Evan, ce n’est pas un homme vraiment heureux dans sa vie. En surface, on voit les photos de sa famille, des amis et on pense qu’il est heureux. Mais sous la surface, il y a des problèmes : peu de relations sexuelles avec sa femme, les enfants se moquent de lui, etc. Il essaye d’être gentil, il essaye vraiment, mais il n’est pas heureux. Le film se passe le jour de la fête des pères et malgré cela toute sa petite famille l’abandonne pour le week-end. Moralité, si vous n’êtes pas heureux dans votre couple, ça va finir par sortir d’une manière ou d’une autre. Et regardez, la cyber-attaque récente du site de rencontres « Ashley Madison » qui a révélé que 37 millions d’Américains ont des relations secrètes. Alors dans une relation, si tu n’es pas direct et si tu ne traites pas les problèmes, tout va finir par déborder d’une manière ou d’une autre. Ainsi, la situation punitive d’Evan, n’est pas tant la conséquence de sa liaison extra-conjugale mais plus de son comportement malhonnête envers lui même et sa femme.
L’autre critique que le film exprime c’est l’idée que l’art n’existe pas ou est difficilement définissable : est-ce quelque chose que quelqu’un a créé ? Ou est-ce juste une valeur monnaitaire ? Une valeur subjective ?...

Journaliste : Keanu Reeves, est ce que vous êtes plus à l’aise pour incarner ce que vous représentez dans l’imaginaire collectif, c’est à dire le héros triomphant avec son pouvoir, son assurance et sa puissance ? Ou l’homme avec ses faiblesses et ses fragilités ?

Keanu Reeves : Je ne sais pas, je ne pense pas qu’il y ait un rôle plus difficile ou plus facile qu'un autre, j’aime jouer les deux types de rôles, quel que soit le caractère. Ici, je sais de cette expérience que c’était fun d’être torturé, au sens cinématographique bien sûr. Tout comme laisser ses fantasmes devenir réalité.

Journaliste : Eli, cette année au festival de Deauville, vous présentez deux films opposés : « Green Inferno » et « Knock Knock ». Qu’avez-vous aimé en faisant « Knock Knock » après « Green Inferno » ? Et Keanu, qu’avez vous aimer en faisant « Knock Knock » en tant qu’acteur ?

Eli Roth : avec « Green Inferno », le tournage a été éprouvant voir très dangereux : le trajet quotidien aller-retour pour se rendre sur le tournage était de cinq heures chaque jour, et on a failli couler en bateau plusieurs fois. Donc après, j’ai dit que je voulais travailler dans un seul lieu, avec l’air conditionné ! « Knock Knock » était très intime et psychologique ; et je voulais faire un film avec une seule goutte de sang seulement. Au final, je dirai que « Green Inferno » était un genre de montagne russe alors que « Knock Knock » est plus comme une partie d’échecs.
Ces deux films ont été aussi l’occasion de faire découvrir de nouveaux talents, comme Lorrenza [Izzo, ndlr] qui est vraiment incroyable. Au passage je voudrais dire que je trouve que Keanu Reeves est un acteur incroyable, très drôle et amusant. Et c’était la première fois qu’il jouait le rôle d’un père... Et il a été le meilleur ! Un Oscar pour Keanu !

Keanu Reeves : Pour moi c’est dès le stade du scénario que j’ai été attiré : par son ton, son ambition. Ensuite, on a discuté quelques fois avec Eli par Skype et il m’a partagé sa vision et son approche. Tout cela a été une expérience fantastique.

Journaliste : Eli, blâmez vous le personnage d’Evan d’avoir ignoré le fait qu’il était malheureux dans sa vie ou blamez-vous plutôt les réseaux sociaux de détruire la vie privée des gens ?

Eli Roth : Je ne blâme personne, vraiment ! Je fais simplement des constats. Il y a 20 ans, une erreur comme la sienne était éventuellement connue de sa femme et peut-être de ses amis. Mais maintenant avec Internet, tout le monde peut le savoir. Notre génération à nous est différente, mais la jeune, utilise « Instragam », « Twitter », « Facebook », etc. Quand on repense au cas « Ashley Madison », on comprend bien qu’il n’y a plus rien de privé. Et je ne juge pas en disant cela, c’est seulement ce que je vois.

Journaliste : À tous, on se sent que vous vous êtes amusés à jouer ces rôles, même si l‘histoire est sérieuse, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qui vous a guidé tout au long du film ?

Lorenza Izzo : Oui, on s’est éclaté ; et c’est grâce à toute cette équipe, incluant Ana de Armas, qui est une actrice formidable, tout comme Keanu.
On a eu beaucoup de plaisir pendant mais aussi hors tournage, on embêtait Keanu, en lui grimpant dessus ou en le chatouillant. C’était très drôle et très intéressant à la fois.

Colleen Camp : Déjà, j’étais très heureuse de jouer le rôle de la masseuse de Keanu (Evan dans le film) même si malheureusement nous n’avons pas pu aller jusqu’au bout. Eli arrive vraiment à atteindre cette limite où dans chaque situation grave, il parvient à toucher la partie drôle ou spirituelle. Et la découverte de Lorenza Izzo est vraiment super, bravo à Eli pour la trouvaille !

Journaliste : Qu’est ce que ça représente pour vous d’être à Deauville ?

Eli Roth : J’ai entendu parler du festival de Deauville la première fois lorsque j’avais 20 ans et pour moi c’est vraiment un rêve qui s’accompli maintenant, d’être là à vos cotés. Et je suis heureux d’avoir attendu ce film pour être ici, je suis honoré.

Lorenza Izzo : Pour moi c’était un rêve aussi, Deauville est une très belle ville, c’est ma première fois ici et l’arrivée au tapis rouge, c’était vraiment quelque chose ! Et ce film était très spécial pour moi, alors je suis heureuse de le célébrer avec vous tous.

Alexandre Romanazzi Envoyer un message au rédacteur

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