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INTERVIEW

J'AI TOUJOURS REVE D'ETRE UN GANGSTER

Journaliste:
Si l’on vous dit que l’on a l’impression de voir un vieux film… et que des noms de nombreux cinéastes viennent à l’esprit ?

Samuel Benchetrit:
C’est vrai que c’est un film pour plein de cinémas différents, fait comme il y a des décénies, en 1/3è avec caches, …

© Mars Distribution

Journaliste:
Si l'on vous dit que l'on a l'impression de voir un vieux film... et que des noms de nombreux cinéastes viennent à l'esprit ?

Samuel Benchetrit:
C'est vrai que c'est un film pour plein de cinémas différents, fait comme il y a des décénies, en 1/3è avec caches, sur une pellicule noir et blanc, que l'on ne trouve plus qu'au Mexique... Pour les références, on m'a dit que le passage avec Arno et Bashung ressemble beaucoup à « Coffee and cigarettes » de Jarmush, que je n'avait pourtant pas vu. On voit parfois des références du fait de la manière dont les films sont faits. Ici c'est un film à sketches, avec des acteurs peu payés, ce qui donne un rythme rapide.

Je viens de banlieue. J'ai vu beaucoup de films, et je n'ai pas fait d'école de ciné. La seule influence évidente pour moi, c'est le Tony Montana de « Scarface ». Je voulais ici partir de « la zone », ce lieu autour de la station service, pour mieux créer le burlesque. Toute tension est ici désamorcée dès le départ... Je voulais filmer la banlieue comme dans un western. Cette banlieue qui est construite sur un schéma américain, on n'a pas besoin d'aller très loin en dehors de Paris pour la trouver. Du coup ce film est un ovni par rapport à ce que l'on produit en France, et on a presque besoin, pour le vendre, de ces références: Keaton, Risi, Chaplin... D'où également les photos d'acteurs américains placardés aux murs, comme dans « A bout de souffle » où Belmondo regarde une photo Boggart.

Journaliste:
Dans votre casting, chacun arrive avec ses bagages...

Samuel Benchetrit:
Oui. C'est un casting assez inattendu. « Les tontons » ont toujours été trop mâles pour moi. Alors je les ai adoucis. Pour Bashung et Arno les convaincre n'a pas été facile. Le premier ne voulait jouer que les flics ou les gangsters. Le second m'avait prévenu qu'il ne connaîtrait pas son texte. Mais cela convenait à la scène, où tout est un peu faux. Il fallait donner du lest au texte. Edouard Baer, lui, devait dire son texte à la ligne près. Il a remplacé Sergi Lopez, et au premier contact c'est plutôt un type assez cassé, loin de faire son numéro, comme on pourrait l'imaginer. Quant aux deux kidnappers belges, ils sont très connus dans leur pays. Bouli Naners réalise des films. Il forme avec Serge Larivière un duo attachant. J'ai eu de la chance avec ce dernier, car il refuse pratiquement tout, et préfère faire le chauffeur de taxi... son métier initial. Enfin, concernant Anna Mouglalis, je l'ai connue sur « Janis et John ». C'est une grosse travailleuse ayant de multiples facettes. Elle m'a inspiré l'épisode du muet de par sa gestuelle.

Journaliste:
Comment s'est déroulée l'écriture?

Samuel Benchetrit:
D'abord il y a eu l'histoire des kidnappeurs. Je devais en faire un long métrage. Mais il fallait découvrir plus avant les personnages, les creuser. A côté, j'avais envie de réaliser un film de gangsters... du coup, j'ai commencé le film sans avoir la fin. Mais je n'ai pas eu envie de mélanger réellement les différentes histoires. Quant au titre, c'est tout simplement la première phrase du film de Martin Scorcese « Les affranchis ».

Journaliste:
Vous avez opté pour des plans relativement longs. C'est un gage de liberté pour les acteurs?

Samuel Benchetrit:
Je voulais réaliser un film un minimum contemplatif. C'est peut être un peu long parfois, je veux bien l'admettre. Difficile d'imaginer la pression pour garder un plan séquence de 3mn à la fin. Aujourd'hui, on subit une accélération du fait de la télévision. Pendant le tournage, la céfétériat a pris feu, ce qui nous a valu 2 mois d'arrêt, alors qu'il ne nous restait que 5 jours sur place sur les 10 prévus. Sur ces 5 jours, j'ai eu un huissier qui me suivait partout, pour contrôler les dépenses. J'ai dû changer de mise en scène.

Journaliste:
Vous avez une fascination pour les petits amateurs?

Samuel Benchetrit:
Les ascensions ne m'intéressent pas. J'aime les gens qui ratent. Finalement, on revient au principe de la télé, avec des gens qui essayent de faire quelque chose, pour changer les choses, même si souvent, c'est couru d'avance.

Journaliste:
La suite?

Samuel Benchetrit:
L'envie de parler toujours des mêmes gens. Mais avec Sergi Lopez et José Garcia, dans le milieu des pizzerias et de la mafia napolitaine.

Anthony REVOIR Envoyer un message au rédacteur

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