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INTERVIEW

IL A SUFFI QUE MAMAN S'EN AILLE

C’est au Comoedia, le lieu de rencontre avec le cinéma réaménagé par Marc Bonny, que nous rencontrons René Feret et son accolite Jean- Francois Stévenin. Joyeux et simples, ils entrent volontiers dans une conversation sur leur cinéma, un cinéma d’auteur et de proximité. Ils s’attardent éga…

© JML Distribution

C'est au Comoedia, le lieu de rencontre avec le cinéma réaménagé par Marc Bonny, que nous rencontrons René Feret et son accolite Jean- Francois Stévenin. Joyeux et simples, ils entrent volontiers dans une conversation sur leur cinéma, un cinéma d'auteur et de proximité. Ils s'attardent également sur quelques anecdotes et détails de « Il a suffi que Maman s'en aille ».

Tous deux disent avoir pris du plaisir à realiser ce film. Avec près de deux mois de tournage, les compères soulignent qu'il est agréable de prendre son temps pour élaborer son film, tourner et retourner les scènes, même si chez Feret la phase d'écriture est assez rapide et oscille entre trois et six mois. La gestation du film se fait plus au tournage qu'à l'écriture. Pourtant, l'écriture est primordiale, et le jeu des acteurs, aussi libre et innovant qu'il puisse être, ne laisse pas de place à l'improvisation. « Le film est comme une petite musique » très écrite dira Stévenin. Le film à la fois « pittoresque » et « épuré » leur semble ficelé et bien mené.

Stévenin, très content du travail de Feret, fera également l'éloge du mixage son, qu'il qualifie de « très épuré ». Un silence inoui et invraisemblable règne dans cette campagne pour laisser entièrement place à la parole des personnages. Stévenin soulignera encore que sa voix grave s'allie parfaitement à celle de Léa, créant une agréable harmonie sonore.

Il apprécie également le titre du film, qui comme le film lui-même nous porte immédiatement dans le vif du sujet. Le film commence après que la mère soit partie. René Feret a ici la sagesse d'esprit de faire commencer le film après que l'histoire aie commencé. Le spectateur est directement propulsé dans le contenu du conflit sans perdre de temps sur sa mise en place. Le premier titre émi, quand le film était en production, fût « Maître d'oeuvre », un titre que Feret qualifie aujourd'hui de « dur et fermé .» Ce titre, en somme, ne convenait pas à cette histoire peut-être lourde dans son propos, mais légère dans son traitement.

Enfin, nous abordons avec Feret la notion des publics. Pour lui, viser un public c'est déjà s'engager dans une vision commerciale du cinéma, ce à quoi de toute évidence il se refuse. Quand je lui ai demandé s'il visait un public en particulier, il me répondît qu'il voit le cinéaste comme n'importe quel autre artiste. Il me dit que l'artiste doit être inconséquent et qu'on n'aurait pas demandé à Vang Gogh de viser un public. Il crée son oeuvre et l'offre à qui veut bien la prendre. Le fait que le cinéma soit un art plus cher à financer que certains autres qui réclament moins de matériels onéreux n'est pas un problème pour lui. C'est une chance d'après lui si un producteur finance la réalisation de ses films, mais si ce n'était pas le cas il affirme qu'ils les feraient quand même avec moins de moyens sans que ça ne le tracasse franchement. Enfin, « Il a suffi que Maman s'en aille » a bénéficié de 300 000 euros de budget. Un petit budget raisonnable certes, mais qui aurait donné grise mine au film sans ses zéros.

A l'heure actuelle, René Feret a deux scénarios en cours d'écriture. Dans l'un d'eux Jean-François Stévenin jouerait à nouveau, dans l'autre on trouverait sa fille...Affaire à suivre... Merci en tous cas à René Feret et Jean-François Stévenin d'avoir donné de leur temps pour cet entretien amical.

Anthony REVOIR Envoyer un message au rédacteur

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