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INTERVIEW

ENTRE SES MAINS

La conférence débute sans Benoît Poelvoorde, qui s’est apparemment égaré dans le Vieux Lyon ! Il fera son entrée 10 minutes plus tard. Affublé d’une honnête barbe de trois jours, cheveux ébouriffés et larges cernes sous les yeux, l’acteur arbore la tête typique de celui qui se réve…

© Patrice RICCOTA

La conférence débute sans Benoît Poelvoorde, qui s’est apparemment égaré dans le Vieux Lyon ! Il fera son entrée 10 minutes plus tard. Affublé d’une honnête barbe de trois jours, cheveux ébouriffés et larges cernes sous les yeux, l’acteur arbore la tête typique de celui qui se réveille lentement d’une soirée bien arrosée, passant toute la conférence à écarquiller les yeux, à la recherche du réveil salvateur. Il contraste avec une Anne Fontaine ressemblant plus à une directrice d’entreprise qu’à une cinéaste, et une Isabelle Carré littéralement rayonnante, souriante, attachante ... et j’en oublie.

La réalisatrice nous explique tout d’abord avoir choisi de tourner à Lille par soucis de proximité, la province lui paraissant plus forte pour ce sujet.

Passé ces précisions géographiques, on en vient rapidement à évoquer le personnage de Claire et son évolution dans le film. Pour Isabelle Carré, Laurent est un révélateur pour Claire. Il lui permet d’assouvir son désir de sortir de la banalité, de sortir d’elle-même, d’avoir un autre regard porté sur elle. Anne Fontaine précise que Claire se sent alors quelqu’un d’unique, ressentant un mélange de fascination et de répulsion pour Laurent. Cette ambiguïté humaine au cœur de sa filmographie se traduit dans ce film par la folie douce dans laquelle plonge Claire, alors que Laurent l’hypothétique tueur en série y trouve un apaisement.

Il est ensuite question de ce premier rôle dramatique pour l’acteur belge, qui se dit plus embarrassé à jouer l’histoire d’amour que la présumée violence du personnage. Il nous explique que le film fut tourné dans l’ordre chronologique, afin de préserver la pudeur et la timidité nécessaire au jeu. Isabelle Carré ajoute cependant que l’humour de son partenaire entre les prises désamorçait la dureté du film.

Toujours à propos de Laurent, Anne Fontaine insiste sur le fait que l’interprétation qu’en fait Poelvoorde n’est pas une surprise pour elle : il exprime simplement quelque chose qu’il avait en lui.

A la question simple de savoir pourquoi Laurent est vétérinaire, la cinéaste le justifie par le fait qu’il est avéré que nombre de serial-killers travaillent dans le milieu médical. Le fait qu’il manie toute la journée des scalpels l’intéressait aussi. Cette activité de vétérinaire rassure également Claire, même si Anne Fontaine avoue que le choix de cette profession fut avant tout instinctif.

Le cas Laurent monopolise l’interview : Poelvoorde nous dit qu’il ne tue pas mais qu’il « éteint » les femmes pour ne pas assumer son désir. Il est dans le déni de soi et souffre de tuer. L’acteur belge ajoute qu’il trouve « génial » le fait d’être dirigé par une femme, cela le sécurise et il trouve chez elle plus de ressenti. Pour Isabelle Carré, une réalisatrice a plus de culot, de finesse dans la direction d’acteurs qu’un homme, notamment pour les scènes d’amour.

C’est sur ces dernières paroles émanant que s’achève l’interview. Merci Benoît de vous être réveillé pour nous. Merci Anne d’avoir pris le temps entre deux AG pour l’entreprise des « auteurs français hautains ». Isabelle ? La Lumière comme dit Poelvoorde …

Anthony REVOIR Envoyer un message au rédacteur

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