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INTERVIEW

EDEN

Mia Hansen-Løve

Le 13 novembre dernier au cinéma Comœdia de Lyon, Mia Hansel-Løve est venue présenter au public lyonnais son film « Eden ». Accompagnée du comédien Félix De Givry, elle s’est entretenue avec les journalistes. En voici quelques échanges.

Journaliste : Quelle était votre prio…

© Ad Vitam

Le 13 novembre dernier au cinéma Comœdia de Lyon, Mia Hansel-Løve est venue présenter au public lyonnais son film « Eden ». Accompagnée du comédien Félix De Givry, elle s’est entretenue avec les journalistes. En voici quelques échanges.

Journaliste : Quelle était votre priorité ? Retranscrire l’ascension de votre frère ou celle, plus générale, d’un mouvement artistique ?

Mia Hansen-Løve : L’ambition du film était de faire le portrait d’un personnage inspiré par mon frère, avec un regard personnel et subjectif, comme c’est le cas pour tous mes films, et d’essayer, au travers de ce parcours singulier, de capter toute l’énergie et les idéaux d’une génération. À aucun moment mon film prétend être le film définitif d’un mouvement. Si j’avais voulu le faire il aurait fallu faire un tout autre film : une sorte de patchwork dans lequel j’aurai accordé la même importance à tous les acteurs de cette scène musicale.

Journaliste : Vous nommez les Daft Punk dans votre film en leur nom alors que le personnage de votre frère se nomme Paul comme s’il s’agissait d’un personnage fictif. Ne craignez-vous pas que cela puisse porter à confusion ?

Mia Hansen-Løve : Aussi curieux que ça puisse paraître, mélanger réalité et fiction est le langage qui m’est le plus naturel, celui où je me suis toujours sentie très à l’aise. Le choix de garder le nom des Daft Punk mais aussi celui de Cheers et de Respect me semble évident car ils font partie de l’histoire. Comme dans la littérature, on peut créer des fictions autour de faits historiques bien réels. Ce qui guide pour moi le choix de garder ou non le vrai nom d’un personnage c’est le rapport qu’il y a à l’intimité. Du moment que je rentre dans cette intimité cela devient de la fiction car le film ne prétend pas pénétrer dans l’intimité de mon frère. Si cela avait été le cas j’aurais réalisé un documentaire. Du moment que je filme un des personnages en dehors d’un lieu public, ce qui n’est pas le cas des Daft Punk qui apparaissent de façon épisodique, je m’autorise toutes les libertés et le récit devient fictif.

Journaliste : Félix, comment avez-vous abordé le rôle de Paul ?

Félix De Givry : On a passé beaucoup de temps ensemble en amont [avec la réalisatrice, ndlr], car lorsque j’ai réussi le casting, le projet devait se concrétiser en deux films. Cela n’a pas été possible et du coup le tournage a mis beaucoup de temps avant de pouvoir démarrer, puisque Mia a dû repenser tout le scenario pour qu’il aboutisse à un seul film de 2 heures. Cette attente m’a permis d’écouter beaucoup de musique, de m’entretenir souvent avec son frère Sven et ainsi de démarrer le tournage en étant totalement imprégné de mon personnage.

Mia Hansen-Løve : Lors de cette préparation, mon frère a aussi beaucoup exercé Félix à mixer, pour lui apprendre à être à l’aise avec les platines. Ce qui fut plutôt facile car Félix travaille dans la musique à la base et avait déjà des affinités avec le milieu de la nuit. Cette aisance m’a beaucoup aidé dans la création de son personnage.

Journaliste : Votre frère est co-scénariste du film, quelle part prend sa vision des choses par rapport à la vôtre, vu que vous étiez présente dans la plupart des soirées ? Avez-vous observé un décalage entre vos deux ressentis lors d’un même événement, lui au platine et vous dans le public ?

Mia Hansen-Løve : Sven a écrit beaucoup de scènes du film et a beaucoup influencé l’ambiance que l’on retrouve dans les scènes de groupe. Mais le regard, le point de vue, c’est le mien. Si les rôles avaient été inversés et que ce soit lui qui ait réalisé un film sur la « French Touch » le film aurait été certainement très différent. Après pour mon rôle à moi, je n’ai pas trouvé nécessaire de m’inscrire dans le film de façon appuyée. Je trouvais ça plus beau. Il y a une seule scène au début, un moment que j’aime beaucoup qui est un souvenir commun entre mon frère et moi. Celle où il m’apporte un disque et où je dois reconnaître les notes du morceau. Comme mon frère était parti assez tôt de la maison, le lien s’était cristallisé autour de la musique, c’était nos moments à nous.

Gaëlle Bouché Envoyer un message au rédacteur

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