Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

INTERVIEW

COUPERET (LE)

Ils sont rares ces cinéastes qui imposent le respect et Costa-Gavras est de ceux-ci. Lorsqu’il apparaît dans la lumière tamisée, on peut sentir l’étonnante simplicité et la déconcertante modestie qui habite ce génie du cinéma. Et cela se confirme lorsque certains, face au sujet de son f…

© Patrice Ricotta

Ils sont rares ces cinéastes qui imposent le respect et Costa-Gavras est de ceux-ci. Lorsqu’il apparaît dans la lumière tamisée, on peut sentir l’étonnante simplicité et la déconcertante modestie qui habite ce génie du cinéma. Et cela se confirme lorsque certains, face au sujet de son film, lui demande quelles solutions il préconise pour régler ces problèmes : « les artistes n’ont pas un rôle de solutions. Je ne prétend pas à ça. Si je pose les bonnes questions, c’est déjà bien ». La situation qu’il décrit dans son film est bel et bien inspirée d’une situation réelle de la société, « une situation presque de guerre dans nos sociétés, où l’économie l’emporte sur l’humanisme de plus en plus ».

Par contre, Costa-Gavras tient à affirmer que son « personnage n’est pas une réalité sociale, c’est une métaphore très complète et tous les personnages qu’il croise font partie de cette métaphore ». Il était alors « essentiel que ce ne soit pas un film noir du début à la fin : cela aurait été irregardable si le film avait été trop sérieux ». D’où ce choix de José Garcia mais aussi car le réalisateur a toujours été conscient des qualités de tragédiens de l’acteur… et de « sa ressemblance avec Jack Lemmon » (NDLR : qui avait tourné pour Costa-Gavras dans "Missing"). « Pour que le spectateur s’identifie, il y avait le besoin d’un regard ironique du personnage sans tomber dans le comique », précise-t-il, « le danger était le même si ça avait été trop dramatique. Ce que le personnage fait est infaisable donc le ton sarcastique était nécessaire ».

La façon de filmer participe de ce besoin d’identification au personnage : « l’idée c’est que c’est vu par lui ». Mais le cinéaste avoue que cette utilisation de la caméra à l’épaule (« beaucoup de travail à la main » dit-il tel un artisan) tenait aussi d’un besoin d’économiser afin de ne pas réduire le temps de tournage par manque de moyens : « le temps c’est la qualité donc il faut économiser sur autre chose ». Michèle Ray-Gavras souligne alors qu’il a été difficile de produire le film à cause du sujet : « l’association des noms de Costa et Garcia suffisait presque à trouver des moyens sans lire le scénario mais quand le scénario était envoyé la réponse était non ! Certains ont eu peur d’être responsables si un chômeur tuait un autre chômeur ». Mais Costa-Gavras ne croit pas que son film puisse avoir un tel impact… Modestie, réalisme ou auto-persuasion ?

Raphaël Jullien Envoyer un message au rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT