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INTERVIEW

COUP DE FOUDRE A RHODE ISLAND

Entretien avec Juliette Binoche, actrice française dans la peau d’une américaine pour une love-story avec Steve Carell !

Journaliste :
Vous êtes une comédienne française dans un film typiquement américain. Ce n’est pas trop dur d’incarner cette américaine standard ?

Ju…

© Benoit Michou

Entretien avec Juliette Binoche, actrice française dans la peau d'une américaine pour une love-story avec Steve Carell !

Journaliste :
Vous êtes une comédienne française dans un film typiquement américain. Ce n'est pas trop dur d'incarner cette américaine standard ?

Juliette Binoche :
Je sortais du film de Hou Hsiao Hsien "Le voyage du ballon rouge" où on avait tourné dans des conditions très serrées, où y'avait un plan une prise, où on était parfois complètement libre, où on improvisait et tout d'un coup je me retrouvais dans un petit film Disney, parce que pour eux c'était un petit film ! En plus, ils n'ont pas arrêter de me le dire pendant la signature du contrat "attention c'est un petit film", et une fois sur le tournage j'ai découvert une centaine de caravanes !! J'étais un peu surprise des proportions et de la différence qui était faite entre les petits films français et les petits films américains !
Mais l'adaptation ça peut aussi être l'adaptation côté Français. Jouer à des jeux de tradition française, je ne suis pas sûre que j'en serais totalement capable, donc on doit tous s'adapter en fonction de qui on est et de qui on n'est pas dans une famille parce qu'il y a des gens qui jouent au tarot jusqu'à 1h du matin, y'en a d'autres qui vont se balader en forêt comme ils ont toujours faits... Je crois que l'adaptation n'est pas seulement d'un pays à l'autre, elle est aussi une façon de vivre. Mais il est vrai que pour ce film, il a fallu que j'apprenne à jouer au football américain, à faire des panecakes ! Bon là comme je savais très bien faire les crêpes, j'ai pas été très impressionnée par les panecakes ! Mon personnage avait envie d'épater dans le film, d'être parfait, cherchant l'image d'icône pour se faire accepter parce qu'elle a un côté orpheline, perdu, qu'elle cache un peu avec ce côté absolument divine, délicieuse et intelligente !

Journaliste :
Où en êtes-vous de votre projet de danse à Londres ? Comptez-vous mettre le cinéma de côté ?

Juliette Binoche :
J'ai ce projet qui commence tout juste à Londres avec le chorégraphe Akram Khan. On en est dans la phase préparatoire. On est encore en train de travailler sur de nombreux détails. Pour Akhram, il s'agissait de s'intéresser à cette question entre la danse et le jeu d'acteur. Ce qui nous tenait à coeur c'était d'établir un pont entre ces deux modes d'expression. Il fallait que ce soit un travail qui se concentre sur la question de l'émotion et du mouvement. C'était quelque chose pour moi qui était précieux et intéressant, mais il restait à trouver ce qu'on aurait à dire, le langage en quelque sorte... Maintenant on a des mois de travail devant nous et on continue à mettre tout ça en commun... C'est une expérience unique ! Alors certes, la période pendant laquelle je vais danser, je ne vais pas tourner mais il ne s'agit pas pour moi de renoncer ou de changer de voie. Il s'agit plutôt d'aborder une nouvelle forme d'expression. Le média n'importe pas, ce qui importe pour moi c'est la phrase "va vers toi-même" et j'ai l'impression que la notion de mouvement est vraiment importante à ce titre-là. Il s'agit de donner quelque chose de sa propre personne à l'autre. Le prochain projet sur lequel je vais travailler au cinéma, c'est le nouveau Abbas Kiarostami dont le tournage débute en 2009.

Journaliste :
Dans "Coup de foudre à Rhode Island" vous jouez dans une pure comédie, quel plaisir prenez-vous exactement, proposez-vous des choses au réalisateur ?

Juliette Binoche :
On propose toujours des choses, c'est notre métier de proposer des choses ! Je ne fais pas de différences entre les comédies... Ici, dans "Coup de foudre..." c'est le non-dit qui apporte des situations qui permettent de rire, qui amène des quiproquos. On est dans une comédie de situation. J'adore ça ! J'aime tous les styles de comédie, je n'ai pas un genre préféré. La comédie doit être ancrée dans une vérité et dans une profondeur. S'il n'y a pas un peu d'étincelle et de lumière dans les yeux, c'est un peu naze ! Comme dans la vie d'ailleurs !

Mathieu Payan Envoyer un message au rédacteur

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