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INTERVIEW

COMME UN IMAGE

Journaliste : Quelle était l’idée de départ de ce film ?

Agnès Jaoui : Nous voulions faire un film sur le pouvoir, du point de vue de ceux qui l’acceptent. Au départ, avec Jean-Pierre, on avait l’intention d’écrire une pièce de théâtre, l’histoire d’un homme qui a une femme…

© Lucie Anthouard

Journaliste : Quelle était l'idée de départ de ce film ?

Agnès Jaoui : Nous voulions faire un film sur le pouvoir, du point de vue de ceux qui l'acceptent. Au départ, avec Jean-Pierre, on avait l'intention d'écrire une pièce de théâtre, l'histoire d'un homme qui a une femme de l'âge de sa fille.

Journaliste : Pensez-vous que l'histoire soit représentative de la société ?

Agnès Jaoui : Je ne sais pas.
Jean-Pierre Bacri : On peut dire ça de tous les films.

Agnès Jaoui : Je déteste la phrase : « c'était mieux avant ». C'est complètement stupide… Aujourd'hui c'est sûr que le pouvoir des médias est accru, mais on n'est pas sociologue.

Jean-Pierre Bacri : On est comme on est. Partagé entre une nature sauvage et un ramage. On traite le rapport entre les deux.

Journaliste : Qui de vous deux a convaincu l'autre de faire ce film ?

Jean-Pierre Bacri : On voulait le faire tous les deux. On doit forcément en avoir envie tous les deux sinon on ne peut rien créer ensemble.

Journaliste : Dans le film, tout le monde est plus ou moins dépendant de quelqu'un sauf Sébastien…

Keine Bouhiza : Il n'est pas du même milieu. Il s'entend bien avec Lolita parce qu'ils ont tous les deux été exclus de deux façons différentes. Leur problème d'insertion les réunit : entrer dans le monde.

Journaliste : Pourquoi avoir situer le film dans le milieu littéraire ?

Jean-Pierre Bacri : On ne voulait pas le situer dans le show-biz, parce qu'on ne voulait pas les gens disent que dans ce milieu tout le monde est pourri.

Agnès Jaoui : On connaissait mieux ce milieu. On voulait que le pouvoir d'Etienne Cassard soit accru par son statut.

Journaliste : Comment avez-vous abordé les problème de poids de Lolita ?

Agnès Jaoui : Aujourd'hui, être gros, c'est comme si c'était devenu une tare. Ca montre le racisme comme autour d'une religion. La preuve, on ne dit pas « grosse », mais « ronde », « enveloppée »… J'ai même lu quelque part que dans certaines écoles de théâtre, on demande aux filles de faire attention.

Journaliste : C'est ce problème qui explique sa relation difficile avec son père ?

Jean-Pierre Bacri : Son père serait plus fier de sa fille si elle était « belle ».

Agnès Jaoui : De toute façon, il est trop égocentrique pour s'intéresser à quelqu'un d'autre qu'à lui-même. Il n'est que détestable.

Jean-Pierre Bacri : Il a tout de même du charisme et un certain talent pour que les autres soient ses serviteurs…

Journaliste : Il a tout de même aidé Vincent… (son souffre-douleur)

Jean-Pierre Bacri : Il l'a aidé, certainement… Il a même donné un coup de main à Sébastien pour trouver du boulot. Mais pour lui, c'est rien, c'est qu'un coup de fil à passer. C'est quand même pas très compliqué, quand on a quelques relations, de s'en servir à bon escient, je ne comprends même pas que ce genre de comportement soit gratifié ; on devrait trouver ça normal…

Journaliste : Peut-on voir dans ce film un portrait des écrivains ?

Agnès Jaoui : Quand on écrit des personnages et leurs métiers, ils racontent forcément quelque chose. On essaye d'être le plus précis possible et le plus logique possible. Mais on avait aucune envie de stigmatiser les années 68 ou l'édition, ou même l'art et la culture.

Journaliste : Le passage de Pierre, l'écrivain, dans l'émission à ragots est révélateur…

Agnès Jaoui : On dénonce ce type d'émission (genre Ardisson) et le système de starisation en général. Fogiel n'est pas stigmatisé mais il est encore pire. Enfin bref…

Jean-Pierre Bacri : Que devient la dignité de l'autre ? Rire à la demande, le « hou !! » à la demande… C'est une vague de médiocrité. C'est la pire chose qu'on puisse faire avec la télévision alors qu'elle peut donner des merveilles. Les gens sont maltraités, on s'intéresse à ce qu'ils bouffent, ce qu'ils disent…

Journaliste : A sa sortie à Cannes, le film a eu d'excellentes critiques de la part de la presse étrangère…

Jean-Pierre Bacri : La presse étrangère découvrait le film, mais je suis sûr que si on cherche, on peut trouver une critique, ou deux, ou dix, négatives. L'important, c'est de trouver un public, c'est tout ce qu'on espère.

Agnès Jaoui : Le prix m'a fait très plaisir, parce que je sais qu'à l'étranger, ce genre de récompenses compte beaucoup. Ca va aider des résistants face à l'hégémonie américaine. Ce n'est pas du tout quelque chose qu'on combat, on fait juste le cinéma qu'on a envie de faire.

Jean-Pierre Bacri : On est relié à certaines choses. C'est un goût commun pour la psychologie.

Anthony REVOIR Envoyer un message au rédacteur

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